Franco Zeffirelli qui laisse dans les mémoires des adaptations shakespeariennes somptueuses comme Romeo et Juliette ou la Mégère apprivoisée, filme la tragédie d' Hamlet presque comme un thriller sur la musique d'Ennio Morricone. Il montre les personnages s'espionner à travers les couloirs du château écossais qui sert de décor à Elseneur, offre un duel final vigoureux, et impose un casting audacieux, avec en tête un Mel Gibson à contre-emploi qui livre une interprétation très personnelle mais très convaincante de la part d'un acteur plus habitué aux blockbusters américains qui décoiffent, c'est ça la belle surprise de ce film, car tout le monde l'attendait au tournant, il réussit ce challenge haut la main, bien entouré par Ian Holm superbe en Polonius, Helena Bonham-Carter émouvante en Ophélie, ou le couple royal et incestueux Alan Bates / Glenn Close ; le seul petit reproche à faire est très certainement l'âge de Glenn trop peu éloigné de celui de Mel qui fait penser qu'elle ait eu un fils à un âge pré-pubère, mais on oublie vite ce détail devant la perfection du spectacle, avec des scènes toniques et rageantes. Le réalisateur fidèle à sa réputation de perfectionniste, n'oublie pas le côté soigné, notamment des costumes, intégré dans un décor rugueux et sauvage. Et tout ça en restant fidèle au texte et en volatilisant le cliché du théâtre filmé. Pour atteindre ce résultat, il se permet quelques audaces, changements et petits rajouts, notamment en décomposant certaines scènes, mais l'ensemble reste fidèle à l'oeuvre du grand Will. Pour moi qui suis fan de cette pièce, c'est du grand art !