Ce film est vraiment une découverte. Découverte d'abord, parce que j'ai compris que Mel Gibson était un vrai acteur. Jusqu'à lors, je l'avais rangé dans cette catégorie des hollywoodiens moyens, qui savent froncer les sourcils et dire vaguement deux blagues.
Mais non.
Il incarne à la perfection le Prince du Danemark. Quelques rares passages sont peut-être un peu juste au niveau interprétation, mais il brille dans tout le reste du film. Les monologues, véritables morceaux de bravoure, sont parfaitement maîtrisés. Tout son corps, toute son expression incarnent la profondeur du personnage. La prose de Shakespeare se dévoile, s'ouvre, se développe et révèle toute sa puissance dans le jeu des acteurs et la mise en scène. On découvre et redécouvre un texte d'anthologie, qui se reflète dans chaque mot, chaque "Alas !" tragique, chaque phrase prononcée sans lourdeur, toujours en accord avec le jeu de l'acteur.
Les décors, y sont aussi pour quelque chose : ils sont grandioses. On est transporté en plein temps des châteaux, des épées et des trahisons venimeuses. On est exalté par les salles de pierre froide, hautes de 10 mètres, on frissonne lors du face à face entre le Spectre et Hamlet, en haut d'une tour d'où on voit le soleil se lever. On se prend à l'envie d'y être, nous aussi, de se balader, l'épée à la main, dans ce dédale de couloirs glacés.
Mention spéciale pour les costumes, notamment les vêtements d'Hamlet, originaux ou tout simplement si fidèles à l'époque que leurs formes nous sont inconnues.
Découverte aussi, parce que je me prends à soupirer quelques "Alas" désespérés en découvrant la liste de vocabulaire d'allemand à apprendre, et que maintenant la version bilingue de la pièce trône sur mon bureau. Car oui, je n'ai jamais lu Hamlet. Peut-être que je ne suis pas objective justement parce que je ne connais pas la pièce, ni aucune autre adaptation au cinéma.
N'empêche, c'est drôlement chouette.
By Heaven I'll make a ghost of him that lets me !