L'adieu aux larmes

Nous sommes des fleurs de feux qui éclatent dans le ciel et se répendent en gerbes merveilleuses de mille couleurs, puis se dissipent aussi vite qu'elles sont apparues. Comme la violence, comme la colère, comme l'amour, comme la tristesse et la joie.

Comme tout ce qui vit et en vaut la peine: on crépite, on brille, puis on explose et on se répend; à travers les autres, à travers le temps. Des instantanés de joie qui mènent à la tristesse des choses belles qui finissent par s'éteindre, par nous quitter, mais dont la beauté éphémère a fait toute la différence et survit dans la rétine comme dans la mémoire de ceux qui restent et nous regardent partir dans un grand bang, l'air étonnés, avec la certitude désormais que ce sera un jour leur tour de devenir des pluies de feux qui retombent vers les autres pour les émerveiller ne fut-ce qu'un instant, pour entretenir les flammes, dans les yeux, dans les âmes et dans les cœurs.

Si notre sang est si rouge, est-ce pour laisser une trace de notre passage dans ce monde lorsqu'il éclabousse une dernière fois la toile de nos vies?

Il faut parfois voler les yakuza du monde pour leur arracher le bonheur de force, et se montrer sans pitié s'ils viennent réclamer un dû que nous ne leur dénions à jamais.

Et on espère que même si nos cerf-volants sont usés, abîmés, ils ne le sont pas au delà de tout espoir, et qu'on pourra les rafistoler assez pour qu'ils rejoignent le ciel et qu'ils y dansent à nouveau, comme les fantômes des feux d'artifices passés et à venir qui nous ont donnés de la joie, de l'espoir, et qui, s'ils ne sont plus que cendre, n'ont pas répandus leurs couleurs sur l'obscurité en vain.