Oren Peli aurait peut-être mieux fait de réviser un peu sa copie avant d’envahir le marché de ses Paranormal Activity. Hangman met à l’amande cette saga éprouvé par ses effets racoleurs et intrigues à tiroir qui n’avait pour seule finalité que de capitaliser à peu de frais. Le concept était simple : une famille est victime de manifestations paranormales la nuit et décide de se filmer pour trouver l’origine des bruits. Mais les phénomènes vont s’intensifier à mesure que l’entité démoniaque va chercher à leur pourrir la vie. Plutôt que de jouer sur la suggestion afin que le spectateur puisse y projeter ses propres angoisses, le film faisait la grossière erreur d’offrir un ramassis de jump scare gonflés par des trucages numériques qui avaient instantanément le tort de désamorcer la terreur que pouvait susciter le hors champ induit par l’obscurité du couloir à proximité de la chambre à coucher. Et donc un moins d’être réellement réceptif aux poltergeist ou d’avoir déjà été un jour la victime d’esprits frappeurs, il y avait tout de même assez peu de chances d’être effrayé. Ce dispositif aura ensuite été exploité jusqu’à l’excès au fur et à mesure des ses suites toujours plus chargés en ressorts horrifiques. Adam Mason nous place dans une position voyeuriste induite par les même mécanismes de mise en scène afin de livrer un Home Invasion original mais qui manque néanmoins un peu de sel ou disons de perversité pour donner des sueurs froides.
La combine est parfaitement rôdé. Un tueur fait des repérages sur le parking d’un aéroport pour trouver la cible idéale à son prochain forfait. Il lui suffit de forcer l’ouverture d’une voiture pour trouver l’emplacement d’une maison à squatter grâce au dispositif GPS. Après quoi, il dispose des caméras dans le décor directement relié à son écran de contrôle ce qui lui permet de connaître les moindres faits et gestes de ses victimes pendant qu’il reste planqué sournoisement dans le grenier. Et pour qui comme moi aura déjà subit un cambriolage saura de quoi il en retourne quant la famille va revenir de son séjour de vacances pour découvrir avec stupéfaction leur maison sans dessus-dessous. Outre la désagréable sensation de se sentir violé dans son intimité, les résidents vont souffrir d’un stress post-traumatique suite à cet événement. Un sentiment qui sera accentué à mesure des mauvais tours infligés par le squatteur des lieux qui vide de le frigo et crache dans la bouteille de jus d’orange qu’il abandonne ensuite sur la table de la salle à manger pour semer la discorde dans le couple quant il ne laisse pas un vibromasseur bien en évidence sur le lit de l’adolescente ce qui va visiblement obséder le père de famille bien qu'il fera tout pour rassurer son entourage en achetant une arme à feu et un nouveau dispositif de sécurité que l’employé n’aura même pas le temps d’installer puisqu’il se fera occire face caméra.
Le film est donc rythmé par les apparitions furtives du tueur masqué qui joue souvent avec le feu en pleine journée histoire de distiller artificiellement un semblant de suspense en parallèle de ses actes creepy. Très vite, il semble évident que le tueur fantasme sur la position du patriarche au point de se masturber devant le couple entrain de copuler quant il ne passe pas ses journées à les regarder mener leur petite vie sans intérêt comme le font la plupart des gens abrutis devant leur émission de télé réalité. Ça m’a d’ailleurs rappelé le temps où ma mère payait pour regarder Secret Story alors que la journée était systématiquement résumé le soir sur TF1 par Benjamin Castaldi, dieu merci cette époque là est enfin terminée. Pour arriver à ses fins, le tueur va donc jouer les protecteurs auprès de l’adolescente en surinant son petit ami qui ne pense qu’à baiser avant de planquer un préservatif dans la chemise du patriarche pour l’accuser d’un adultère qu’il n’a évidemment jamais commis pour finalement massacrer le couple de mariés dans un final trop rapidement expédié. Si l’idée de nous immiscer dans un esprit déviant n’est pas dénué du moindre intérêt, on est quand même très loin du choc suscité par les thrillers psychologiques type Schizophrenia ou Henry Portrait of a Serial Killer. Alors que les Found Footage échouent habituellement dans leurs excès, Hangman pêche quant à lui par une forme de retenue que ne laissait pourtant pas supposer son excellente introduction, comme ci son réalisateur avait du mal à assumer pleinement son propos, probablement par crainte de s’aliéner une partie du public. Une hésitation qui fera retomber son film dans l’anonymat de sa plateforme de SVOD. D’ailleurs si les cinéphiles ont déjà mentionnés son titre c’est uniquement en raison d’un thriller portant le même nom, sortie à peine un an plus tard et porté par Al Pacino. Forcément Jérémy Sisto fait un peu pâle figure en comparaison.
T'es nostalgique du Projet Blair Witch, t'aimais bien mater des VHS sur ta télé carrée ? Tu regrettes le numérique dégueu des années 2000 ? Tu voulais du rab de Found footage ? Eh bien rends-toi sur L’Écran Barge où tu pourras bouffer de la bande magnétique par tous les pores de ton corps jusqu'à t'en dégoûter définitivement.