Premier film fondé exclusivement sur le personnage d’Hannibal Lecter, tourné sur le modèle d’un script adapté par Thomas Harris en personne, ce qui augurait du meilleur pour la série. Mais voilà : on n’est jamais vraiment convaincu, cette genèse ne parvenant pas à surprendre, à insuffler le caractère et l’imprévisibilité du personnage. Pour le self-contrôle, le raffinement et l’esprit vif, on lorgne du côté des canons asiatiques (waow, beau cliché !) avec une tante japonaise installée en France, l’oncle étant décédé il y a de ça deux ans (une grosse erreur de la part de Thomas Harris, cette figure paternelle de remplacement jouant un rôle assez important dans la gestion de la colère d’Hannibal, tout du moins dans le livre). Hannibal fait donc ses premières armes à la campagne en sacrifiant un boucher collabo au fil de la lame du katana familial. La scène, joliment éclairée et graphiquement chiadée, impressionne pour son visuel, mais n’implique pas vraiment sentimentalement le spectateur (action lointaine…). Après cette première fois bien décevante, Hannibal étudie la médecine à Paris, avant de s’intéresser à son passé et à ses traumatismes (il dort mal la nuit, et au cours d’un rêve, il se rappelle enfin son passé : sa famille décimée, lui et sa sœur Misha survivant dans une chaumière, des soldats arrivant, les faisant prisonniers, avant de becter sa frangine pour faire face à la famine). La folie d’Hannibal, basée sur un traumatisme aussi manichéen et brutal que ça… La psychologie est clairement réduite à son minimum ici, les concepts semblant faire office de couverture évitant de donner trop de détails, trop de complexité à l’histoire. Hannibal est ici manichéen, et s’en va châtier les assassins de sa sœur tel un héros des années 80, sauf qu’il les bouffe. Cette pseudo-morale finit par agacer, tant le script semble dédouaner Hannibal de tout choix moral purement mauvais. Le script s’aventure d’ailleurs sur une piste qui aurait pu se révéler prometteuse (une relation incestueuse avec la tante solitaire), mais qui ne débouchera au final sur rien du tout (on a juste coché la case « érotisme soft asiatique » sur le cahier des charges). Les méchants manichéens sont punis, Hannibal devient un héros, sauf qu’il persiste dans son œuvre de vengeance. Et si un Vaughn appuie clairement son Magneto dans sa pensée vengeresse, Hannibal est d’un coup désavoué par la musique, et la caméra s’éloigne de lui alors qu’au contraire, il commençait à se révéler intéressant. Frustrant d’un point de vue des origines, mais assez chiadé niveau image, c’est un gentil nanar de luxe qui bâcle son sujet, Gaspar Ulliel se démenant quand même pour sembler à la hauteur, et il parviendra presque à l’être dans quelques scènes de violence soulignée, à défaut d’être pleinement justifiée (pourquoi épargner le père de famille si c’est pour le zigouiller 2 minutes plus tard ?). Bref, une précelle vraiment mineure de la saga.
Voracinéphile
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le 17 oct. 2013

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Voracinéphile

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