un pas de côté
en plein conflit israélo-palestinien, AvI Mograbi nous présente avec humour (noir) la réalité quotidienne et les difficultés à vivre et à travailler. L'absurdité du conflit.
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le 2 oct. 2011
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Ce deuxième long métrage d’Avi Mograbi, est à la fois la confirmation de son talent et également la découverte de certaines limites de son style cinématographique. En effet, son œuvre peine à s’affirmer sur la longueur, avec 15 minutes de plus que son œuvre précédente où l’on discerne certaines failles de ce cinéaste que l’on pourrait qualifier d’innovateur. Mais, malgré tout, au cours de cette œuvre où 3 sujets sont évoqués de manière simultanés, on distingue incontestablement un talent certain de cet anthropologue israélien.
En effet, dans ce documentaire on retrouve sa capacité de communication et de donner l’impression aux spectateurs d’une communication en continue, comme si il n’y avait plus de distances entre Avi Mograbi et son audience. On pouvait notamment se demander si cette technique serait réutilisée et si d’autant plus elle aurait la même efficacité. Force est de constater après le visionnage de cette œuvre que le réalisateur parvient à garder notre attention tout au long de ces 75 minutes. On ne voit vraiment pas le temps passer, et l’on a l’impression de vivre une heure quotidienne où l’on échange et on a l’impression de s’émerger dans la réalité du cinéma.
De ce fait, on comprend que le réalisateur va tenter de subtilement de faire voyager le spectateur entre la fiction cinématographique et « notre » réalité. De plus, ce réalisateur malgré une différence culturelle que l’on pourrait imaginer avec Israël, parvient parfaitement à attirer l’attention de la sensibilité occidentale. Son humour est simple, mais avec une réelle seconde lecture. A l’image de son titre, qui mentionne un anniversaire probable, et peu de temps après le début de son œuvre une déprime est évoquée. Ce qui paraît être un paroxysme, lorsque l’on lance une telle œuvre, qui s’annonce normalement être assez joyeuse avec une telle appellation. Ainsi, au cours de ce long métrage, s’enchaîne parfois certaines incohérences volontaires pour interpeler le spectateur et par-dessus tout le faire philosopher sur la réelle teneur de sa pensée. On pourrait même s’interroger sur le fait s’il n’existe pas « un film dans le film ».
Par ailleurs, Avi Mograbi a une façon de filmer vraiment très dynamique, qui pourrait même être qualifiée de saccader voire négliger par certains spectateurs. Mais, pourtant cette façon d’alterner les cadrages est volontaire pour pouvoir retranscrire au mieux la réalité et s’immiscer au sein de la culture israélienne. En outre, si l’on regarde ce documentaire par simple curiosité culturelle, on s’apercevra rapidement que cette œuvre est très enrichissante. On notera notamment qu’il existe une réelle différence avec la culture occidentale, que l’on découvre d’un point de vue omniscient.
Ainsi, on apprend que le peuple israélien, est très réfléchi avec une véritable capacité de communication, mais malheureusement très individualisé bien que très patriotique et avec un rapport avec l’argent très prononcé. Ce peuple paraît à la fois être très rationnel et très impulsif dans certaines occasions. On découvre également un pays divisé, avec une pensée collective plus limitée que ce que l’on pourrait s’imaginer. En effet, l’individualisation de la société paraît être un réel frein au développement de l’état qui peine à communier.
Par la suite, on comprend clairement que le réalisateur tente de faire passer le message qu’Israël est un pays démocratique seulement officiellement, puisque beaucoup de décisions semblent être encore contrôlées notamment par le gouvernement. Même si l’on discerne une réelle liberté de communication au cours de cette œuvre, où le réalisateur exprime clairement ses opinions engagés. On apprend notamment différents éléments du conflit israélo-palestinien, où l’on remarque que le cinéaste est clairement contre le déroulement de certains événements tragiques qui touchent constamment son pays. A l’image notamment du « masque à oxygène » de son producteur enfermé dans une bulle (pour respirer dans une vie sociétale compliquée). On voit ainsi une volonté d’obtention de la paix qui va au-delà du ressentis politique.
Ensuite, concernant son style cinématographique on distingue une réelle volonté de casser les codes traditionnels du septième art. A l’image de ses transitions saccadées et parfois parfaitement orchestrées. De ce fait, selon, les passages et les thématiques, l’auteur utilise le style approprié.
Cependant, cette œuvre malgré le talent indéniable d’Avi Mograbi a plusieurs défauts qui peuvent notamment freiner le spectateur à apprécier cette œuvre autant que son premier long métrage concernant Ariel Sharon. En effet, au visionnage de sa deuxième œuvre, sa communication bien que très attractive peut finir par lasser un spectateur qui se doit d’être très réceptif à toutes les informations et avoir le temps de les analyser.
Ensuite, le mélange de trois histoires distinctes notamment celle avec sa femme, sont parfois difficiles à suivre, et les liens entre elles ne sont pas toujours évidents. Ainsi, cette narration très osée, très innovante est parfois difficile à « décrypter ». Les temps entre la reprise de ces histoires sont parfois un peu long ce qui baisse implicitement l’intensité des différents récits. Par la suite, vouloir être très proche des réalités a également une contrepartie où cette grande proximité à la réalité tend à donner un côté trop amateur à cette œuvre. Cet amateurisme s’illustre notamment dû à la longueur de cette œuvre pour le style de communication utilisé.
Enfin, un dernier point qui peut être assez problématique, notamment pour un spectateur avec un avis politique bien défini et que le réalisateur ne donne pas vraiment d’alternatives au spectateur. On pourrait même penser qu’il y a un réel manque de neutralité de la part d’Avi Mograbi, ce qui n’était pas le cas dans sa première réalisation. De ce fait, il tente de faire de ses dires une vérité absolue, sortant ainsi du point de vue omniscient qui fait la force globale de l’œuvre. Ainsi, le spectateur peut ne pas apprécier être « téléguidé » par la pensée et les convictions du réalisateur.
Pour conclure, on quitte Avi Mograbi pour son anniversaire, avec un cadeau atypique, une guerre avec des conflits mortels, qui sont réellement édifiants. Cette conclusion donne à l’œuvre une profondeur supplémentaire et un engagement du réalisateur encore plus prononcé pour la paix dans l’état d’Israël.
http://www.cineseries-mag.fr/happy-birthday-mr-mograbi-documentaire/#20WCBZ0sOrt0yK9y.99
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Créée
le 28 avr. 2015
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