Amour 2, le retour
J'adore le cinéma d'Haneke mais je n'avais pas pu voir ce film à sa sortie et les mauvais retours ne m'avaient pas fait me précipiter dessus à sa sortie en DVD. Sauf qu'en réalité c'est très bon et...
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le 13 mai 2018
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J'adore le cinéma d'Haneke mais je n'avais pas pu voir ce film à sa sortie et les mauvais retours ne m'avaient pas fait me précipiter dessus à sa sortie en DVD. Sauf qu'en réalité c'est très bon et c'est dans le peu que j'ai vu, le meilleur film de Cannes 2017. J'aurais adoré une troisième palme consécutive pour Haneke.
Je ne ferai pas la blague du Haneke Cinematic Universe puisque je viens de voir que les cahiers l'ont déjà faite, mais clairement on est dans un film somme pour Haneke tant tout renvoie à ses films précédents et à ses démons. Lorsqu'on dit ça on pense sans doute avant tout à Amour (pour la distribution, mais pas seulement) avec ce qui sans doute la meilleure scène du film où Tritignant raconte à sa petite fille la fin du film Amour, comme s'est terminée la vie de sa femme.
Mais il n'y a pas que ça, Haneke réutilise une scène utilisée dans Caché, on voit mais on n'entend pas ce que se disent les personnages... Scène qui ne sera pas plus jamais évoquée, laissant ainsi le spectateur libre de toute interprétation comme pourrait le faire un témoin fugace depuis l'autre bout de la rue... On a évidemment du Benny's Video (le seul Haneke que je n'ai pas aimé), puisque là on a une jeune fille qui filme tout, notamment ses méfaits.
D'ailleurs c'est extrêmement glaçant d'ouvrir le film là-dessus, sur cette violence ordinaire filmée, projetée afin de faire de nous les voyeurs complices d'actes atroces comme lorsque l'on regarde des gens faire des choses tout aussi horribles en vrai sur l'application Periscope. La violence des enfants rappelle également Le Ruban Blanc...
Bref tout le film fait écho aux thématiques explorées par Haneke durant sa carrière.
J'avais un peu peur en apprenant que le film allait parler des migrants, j'avais peur d'un Haneke qui devient un peu gaga et qui perd toute sa radicalité pour devenir un papy gâteux, mais il n'en est rien. Peu présents les migrants ont néanmoins un rôle essentiel dans le film, ils sont là pour montrer ce que disait le synopsis : "Tout autour le Monde et nous au milieu, aveugles."
Ils mettent en lumière à quel point cette famille bourgeoise est hors du monde, hors de la réalité, comment elle est dans un entre-soi, s'arrangeant entre amants pour les questions judiciaires, donnant du fric pour éviter les poursuites, apportant dans une ambiance très XIXe des chocolats à la fille de la servante blessée par le chien de la maison... Ils sont un retour au réel nécessaire pour éviter que ça soit juste une farce bourgeoise.
Le film en est une, de farce, il a beau être glaçant par moments, vraiment froid, cynique, désabusé, du bon Haneke en somme, il n'en est pas moins drôle. Ces bourgeois apathiques sont drôles malgré eux avec leur incapacité à aimer.
La fin est vraiment belle, dérangeant, un peu glaçante tout en étant assez drôle finalement avec sa pointe de cynisme froid... Le regard que jette Huppert à la petite fille qui filme la scène, ce regard désemparé, d'incompréhension dit tout. Huppert ne comprend rien à son père, à sa nièce. Les deux sont quant à eux connectés. Les acteurs sont vraiment excellents, ça fait d'ailleurs plaisir de revoir Kassovitz dans un bon film, mais clairement c'est la gamine et Trintignant qui dominent.
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le 13 mai 2018
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