Les histoires d'amour finissent mal, en général.
…Sauf pour Bedrich, boucher Tchèque de son état.
Pour une raison simple: il commence, sans le savoir, à raconter son histoire par la fin et remonte le temps, scène après scène.
Pensez par exemple si ses accoucheurs sont sympas: ils ont commencé par accrocher sa tête à son corps à l'aide d'une guillotine.
C'est sur cette idée simplissime mais absolument géniale, que s'ouvre Happy end, dont le titre prend une tournure forcément diamétralement opposée à celle imaginée, aussitôt qu'on a saisi le principe du film. Et qui donne le ton d'ensemble de ce miraculeux métrage. Un mélange constant entre jubilation et désespoir, un oxymore fait film, en mouvement perpétuel inversé qui, comme tout chef-d’œuvre qui se respecte (méconnu ou non), réconcilie l'inconciliable, contrarie les contraires, joint les debouts et froisse les rassis.
S'il fallait donner une seule idée de l'altitude vertigineuse du rythme de croisière de cette soucoupe violente, qu'il me suffise de préciser que chaque scène combine un plaisir des yeux (le recul permanent offre des trouvailles visuelles ahurissantes) et de l'esprit (les dialogues qui marchent dans les deux sens du récit) en nous faisant rire franchement d'une trajectoire lugubre et macabre.
Ou comment en moins d'un premier quart d'heure stupéfiant (si on ne devait garder que lui) consacrer en neuneus officiels nos NoNo contemporains (Nolan et Noé) qui épousèrent le même procédé mais avec un manque de grâce qui, comparativement, force le respect.