Happy Together est foutraque mais réussi, il oscille entre la comédie du quotidien et le pur pathétisme d’une histoire d’amour qui se termine. Lai et Ho sont hongkongais mais expatriés en Argentine, et ce mélange culturel accentue les décalages et l’intimité du couple, îlot chinois dans un pays hispanophone.
L’esthétique audacieuse est parmi les plus belles que j’ai pu voir, beaucoup de plans sont à couper le souffle, sans être grandiloquents. C’est une poésie de la banalité, l’histoire de deux hommes qui s’aiment mais ne s’entendent pas, et dans un jeu fatiguant de « je t’aime moi non plus », s’épuisent, renoncent, puis repartent à zéro. Les plans serrent les corps des personnages, les mouvements de caméra suivent les points de vue et apportent une fluidité organique aux petites péripéties du couple, en étant à la fois dynamiques et inventifs. Dernier point et pas des moindres, Tony Leung Chiu-wai écrase le spectateur de son aura mélancolique.