Remettre au goût du jour le chef d'œuvre de Kobayashi (1962) est un objectif en soi louable car tout le monde n'est pas prêt pour un huis-clos de 2h20 en N&B et VOST, mais assez hasardeux tant on a le sentiment qu'il ne manquait rien à l'œuvre originale. Miike prend pourtant ce risque et propose une version 3D pour la nouveauté technique tout en restant assez fidèle à la trame originale. Le premier élément de comparaison qui me saute aux yeux est le côté très froid de cette photographie, loin des clairs-obscurs très maîtrisés du premier opus. Le sujet est déjà assez sérieux et les vassaux du clan Ii suffisamment froids et rigides, il n'y avait pas besoin d'alourdir l'atmosphère avec cette imagerie numérique.
Si on sent Miike un peu plus posé et moins outrancier qu'à son habitude -- et c'est encore heureux ! -- on peut tout de même regretter quelques excès de pathos et notamment tout le développement autour de la femme et du fils, ou l'interminable scène d'éviscération avec le sabre en bois (dans la version de 1962 le jeune samouraï se mord la langue plutôt que de s'ouvrir le ventre avec un bout de bois), scène qui se répète ensuite avec le suicide (non montré à l'écran) de l'épouse avec le même morceau de bois... Le fantasque réalisateur n'est pas tout à fait prêt à délaisser le sadisme et le gore.
En résumé, une œuvre très correcte mais qui souffre la comparaison avec le chef d'œuvre primé à Cannes à 1963. A réserver plutôt à un public non cinéphile et réticent à l'idée de regarder un film de 2h20 en VOST, d'autant que Miike fait l'effort de rendre quelques codes culturels plus accessibles dans cette version.