Haramiste est l'exemple typique de la bonne idée originale mal exploitée : en effet ce moyen métrage, annoncé comme un petit choc cinématographique en raison de sa diffusion directement liée à la conjoncture politique du moment ( une France principalement préoccupée par la radicalisation de l'Islam, la condition féminine dans la religion musulmane ou encore le fameux "malaise des banlieues" tant constaté par nos chers politiques ), n'est en fin de compte qu'un film quelconque et sans caractère.
Antoine Desrosières part donc du postulat de tourner une pure fiction inscrite dans ledit contexte, accompagné de ses deux jeunes comédiennes débutantes en réalisant une vague comédie potache dans la droite lignée d'un Et toi t'es sur qui ? ou d'un Les Beaux Gosses. Omniprésentes car de tous les ( rares ) plans du métrage les deux actrices tentent honorablement de porter cette vulgaire boutade sur leurs petites épaules, improvisant et débitant des dialogues d'une pauvreté pas mal regrettable. Visiblement tourné en trois jours à partir d'un scénario réduit à quatre pages Haramiste raconte donc les premiers émois sexuels de deux adolescentes musulmanes, leurs questionnements, leurs doutes, leurs craintes, et patati et patata... Peu ou prou de choses à sauver de ce morceau de cinéma complètement inoffensif, puisque Antoine Desrosières ne risque rien, ne prend pas véritablement position compte tenue du contexte, se contentant d'enchaîner de la provoc' à deux francs six sous au gré d'une écriture lourdement vulgaire et caricaturale.
La réalisation plan-plan, fonctionnelle et sans maîtrise aucune, essentiellement formée de plans-séquence d'une fâcheuse banalité captant de plates et gentillettes conversations, a bien du mal à soutenir une véritable proposition artistique : c'est moche, répétitif et surtout cruellement amateur et bâclé. Coincé entre son désir de retranscrire tout un pan d'une société généralement occultée par le Cinéma et sa volonté de divertir en prônant l'émancipation et l'humour décomplexé le réalisateur ne parvient qu'à produire un méchant pétard mouillé. L'audace tant vantée par certains n'est rien de plus qu'une accumulation de grossièretés approximativement récitées par les deux actrices. La Palme du ridicule revient certainement à la scène de séduction via Skype, dans laquelle la petite soeur cherche à faire illusion en meublant le décor par l'entremise du portrait de feu Yasser Arafat. Un film ridicule et raté d'un bout à l'autre.