Fatigués de voir régulièrement leurs créations remplacées par des images de synthèse, les petits gars du studio d'effets spéciaux Amalgamated Dynamics (Alien 3, Starship Troopers) décident de monter leur propre film pour montrer la qualité de leur travail. Un financement participatif plus tard, ils sortent Harbinger Down.
Deux constats s'imposent immédiatement en regardant ce long-métrage. Primo : le réalisateur - le cofondateur du studio, qui occupe ce poste pour la première fois - a adoré The Thing. Secundo : n'est pas John Carpenter qui veut. Cela résume bien les défauts du projet. Tout ici rappelle le classique de 1982, ouvertement cité par l'équipe mais trop souvent en dépit du bon sens ; pour mettre en place une ambiance paranoïaque, il faut que cela soit justifiée par le scénario, pas que cela sorte de nulle part juste parce qu'il s'agit d'une des forces du film de John Carpenter.
Harbinger Down ne commence pourtant pas mal. Si nous sentons les limites du budget et l'inexpérience derrière la caméra du réalisateur, cela n'empêche pas de développer, certes un peu sommairement, une bonne brochette de personnages ; dont un incarné par Lance Henriksen, ce qui donne tout-de-suite au métrage un fort potentiel sympathie. L'origine de la menace ne manque pas d'attrait, même si le spectateur remarquera avant même qu'elle apparaisse par quel moyen les protagonistes arriveront à s'en débarrasser (le scénario ne surprend absolument jamais). La tension monte progressivement au cours de la première moitié du film, donc malgré ses airs de production au rabais, cela permet de passer un moment agréable.
Puis la menace devient visible. Et là, c'est le drame. Car le réalisateur n'arrive pas à la filmer correctement et qu'elle parait systématiquement mal cadrée. Un peu comme s'il le faisait exprès. Malheureusement, je crois effectivement qu'il le fait exprès, car les rares scènes où elle apparait de manière plus frontale, ce qui devait constituer l'élément central du projet, le point fort du studio, semble bien décevant... Or, il ne pouvait en être autrement : nous parlons d'un budget à peine au-dessus des $300.000, impossible de faire des miracles même avec toute la PASSION du monde. Nous nous retrouverons avec un long-métrage créé pour mettre en valeur leur savoir-faire technique en matière de marionnettes et autres maquillages, mais qui échoue à remplir cet objectif. Reste un film de monstre prévisible et anecdotique malgré ses bonnes intentions, et un beau gâchis.