Le racisme est un sujet délicat. Sujet de discussion difficile à mener sans pour autant être tabou, il est avant tout source de heurts et de conflits moraux, un reflet de la divergence d'opinions.
Racisme et cinéma ont maintes fois été associés. Parfois même avec brio. Le sida et l'homosexualité ont eu leur Philadelphia, le racisme son American History X.
Dans Harcelés, le racisme est une toile de fond. Bien sûr Abel Turner (Samuel L. Jackson) est un personnage profondemment marqué par la disparition de sa femme, alors en voiture avec son patron et amant blanc. Mais Neil Labute nous montre avant tout qu'au delà des problèmes de voisinage, nous souhaitons protéger ce qui nous est cher, à savoir femme, enfants, et intimité. Il est difficile de cantonner le scénario d'Harcelés au conflit de race tant le réalisateur sème plusieurs graines. Il construit, nourrit la haine et la tension qui s'établit entre ces voisins, jusqu'à se perdre dans une violence du geste et de la pensée surréaliste.
Là où le film se démarque, c'est en évitant l'écume réac' propre au sujet. Il n'y a pas de leçon à donner, pas de prise de conscience à opérer. Ici, le drame se mue en thriller. Peut-on faire un film aux tensions extrêmes sur un sujet dont les sociologues raffolent ? Ce sera à vous d'en juger.