Ca c’est qu’on appelle du Cinéma ! J’ai beau voir encore des films, encore et encore, il m’arrive encore d’être surpris, même très agréablement surpris. "Hard Candy", c’est avant tout deux interprètes très en forme et un scenario bluffant. J’ai applaudi et sifflé a la fin. Et il y a de quoi.
Ellen Page est vraiment formidable, elle sait jouer la comédie merveilleusement bien et en un jeu de caméras, elle passe de la gentille petite fille au psychopathe. Dans ce huit clos, le réalisateur, a alterné entre mise en scène très classique et camera à l’épaule, on est un pris au trip mais à la fois détacher, Le final, extraordinaire, nous laisse sans voix.
Le film s’inspire de faits bien réels, le scénariste s’est inspiré de jeunes filles qui piègent des prédateurs sexuels sur Internet afin de les torturer, des "Hard Candy", au Japon, munies de vestes à capuches rouges. Le fait que le film soit inspiré de faits réels, laisse libre cours à ses deux comédiens pour jouer de la comédie.
Le film est vraiment très drôle, c’est un drame psychologique, un thriller, il y a beaucoup de dialogues, mais on prends plaisir à voir Ellen Page torturer un pédophile : elle as un goût pour l’ironie, le sarcasme et la provocation qui sont assez incroyables.
En fait la fameuse scène de castration n’est pas montrée a l’écran, je me demande pourquoi alors le film as été interdit aux moins de 16 ans, c’est fortement suggéré.
Ellen Page, extraordinaire, quasiment tout le film, tient sur sa prestation et le film prends son temps (une vingtaine de minutes), avant d’obliquer vers le huit clos terrifiant. Patrick Wilson, excellent : en fait c’est un affrontement de comédiens, comme on les aime.
Le film s’emploie à balancer tout les clichés psychologiques qu’on trouve dans les films… pour mieux les démolir avec un plaisir jouissif les uns après les autres. On se demande toujours : "Que vas faire Hayley maintenant ?", l’inventivité du scenario visiblement source inépuisable d’inventions et pour le réalisateur qui signe une réalisation plutôt irréprochable sont autant d’outils pour nous divertir. Car le film est peut-être a classer dans un autre genre : la comédie.
Comme je l’ai dis, le film est très drôle, Ellen Page vraiment très en forme, se montre très à l’aise dans un rôle très sadique et tout ce qu’elle veut, c’est rendre la justice. Mais qui est-elle ? On découvre dans le final, excellent et parmi ce que j’ai vu de meilleur depuis bien longtemps.
Elle fait genre au début la fille un peu bête, innocente et nous balance plein de choses très intéressantes. La façon que cette jeune fille a de maîtriser son adversaire, en étant extraordinairement sadique (Ellen Page a l’air de se régaler), est impressionnante.
On peut reprocher au film d’être trop bavard mais les dialogues s’amenuisent au fur et a mesure du film. Le film ne montre pas seulement les états d’âmes d’Hayley mais aussi ceux du pervers : c’est l’intelligence de montrer deux points de vues. La scène la plus hilarante du film est sans doute celle de la castration : voyant Hayley se préparer, sadique, en disant à haute voix comment elle va procéder : "Non, faut pas que je fasse comme ça, sinon je pourrais toucher une artère et il y aurait beaucoup de sang.", elle change d’avis et ordonne, quasiment sans lever la voix, au pervers de ne pas bouger : "J’ai fais toute cette installation pour toi, pourquoi tu veux la bousiller ?" : elle va filmer la castration. On est de plus en plus hallucinés et épatés par ce taux d’invention chez la jeune fille. En plus, Patrick Wilson n’incarne pas le genre de pervers qu’on peut voir : on sent chez lui des le début qu’il pourrait être innocent et c’est au fur et a mesure de ce qu’il va vivre qu’il va devenir méchant,
il tentera même de tuer Hayley qui as toujours un tour d’avance : "Je vais me doucher", dit-elle, tu parles, elle anticipe les gestes du pervers et alors qu’il tente de la tuer, elle se sert d’un teaser de façon magistrale. On pense même a un moment que c’est le fruit de son imagination, vers la fin, la camera cadre Hayley en contre-champ, il y a du soleil juste derrière elle et sa présence est presque invisible : Hayley existe visiblement, comme nous le montre un plan suivant.
On ne peut qu'aimer Hayley : les dialogues bien que plutôt caricaturaux, sont tout le temps sur la justesse, le plaisir qu’elle prends à torturer ce type.
Le suspense pour savoir si Hayley va s’en sortir, nous bousille, je me suis dit vers la fin : "Si Hayley se fait arrêter, je fous pas le film dans mes films préférés".
Le scénariste, visiblement n’aime pas les pervers, Hayley cite Roman Polanski dans une réplique. Le film, passionnant mais un peu bavard (c’est la chose qu’on peut lui reprocher), donne un regard aigu et précis sur les prédateurs sexuels. Encore mieux qu’un bon épisode de "New York, unité spéciale" (on pense a certaines scènes d’interrogatoire de Stabler par moments), il décrit a coups de répliques, les penchants des prédateurs sexuels et ils en prennent plein la gueule.
On se dit parfois : "Hayley va être sympa la quand même" : certaines situations ont déjà été vu plein de fois dans des films et des séries… et bien en fait : non.
Il y a peu de violence physique dans le film, quasiment tout se joue dans les dialogues, les répliques, on sait un peu tout ce que prépare les personnages avant qu’ils ne le fassent, car ils savent ce qu’ils vont faire et donc le disent à haute voix. Et parfois disent l’inverse de ce qu’ils vont faire, le film rempli de ces dialogues, presque des pensées a hautes voix, de monologues inspirées : Hayley ne semble pas avoir la moindre pitié pour le pervers et donc ne lui fait pas de cadeaux. Étrangement, il n’y a quasiment aucune allusion au sexe, si dans quelques insinuations au début, les dialogues sont de ce fait, ainsi Hayley cherche au début, le truc qui fait "se branler" le pervers et elle retourne toute la maison : "Putain mais il y a forcement un truc qui te fait te branler, tout les types comme toi en ont.", les dialogues qui sont très crus parfois, sont de ce fait très drôle, à un moment, je pleurais quasiment de rire. Je me suis demandé : "Comment un film comme ça peut autant me faire rire ?", rire de souffrances infligées mais ce n’est pas la situation qui nous fait rire mais cette écriture des dialogues.
Le générique, soigneusement fait est un avertissement, des caractères rouges sur des fenêtres qui circulent : il dure un peu plus de deux minutes en dépit du peu de personnes créditées et puis écran noir et début du film. Des dialogues échangés sur un écran d’ordi et puis un gâteau délicieusement mangé par Ellen Page. Un écran noir apparaîtra a plusieurs moments, à deux ou trois reprises comme ça.
Le film est amplement aidé, outre par ses deux formidables comédiens, mais par le décor : la maison en est elle-même est un décor riche et parfait pour faire ce que Hayley as prévue.
Le film se déroule a Los Angeles, il est indiqué dedans, par l’intermédiaire des répliques et d’ailleurs dans les plans extérieurs, on as une vue sur Los Angeles.
L’ayant vu en VF, j’étais un tout petit peu sceptique mais la VF aide fort bien le film, Jérôme Pauwels excellent et qui as un rôle très dur : être crédible quand son personnage souffre. Peu de comédiens de doublage y arriveraient, on as de la chance, c’est Karine Foviau qui double Ellen Page, ce qui colle fort bien.
Peu d’éléments extérieurs, bien sur le film aurait pu jouer avec les éléments de la demeure, comme le jardin ou même une piscine mais en fait ça ne semblait pas intéressé le scénariste
David Slade, lui n’as fait le film que sur commande, ne connaissant pas le cinéaste, j’ignore comment il procède habituellement mais son œil à la fois attaché et profond et son immersion dans les personnages est intéressante : il fait des plans très rapproches, des mouvements de cameras extrêmement brusques comme si la pellicule s’emballait, pour créer la panique : c’est un effet extraordinaire. Mais David Slade dans sa réalisation demeure précis : il sait exactement ou regarder pour qu’on y voit de l’intérêt.
La pendaison du pervers est filmer dans un jeu de lumières, au ralenti, les personnages sont sur un fond très clair et sont des silhouettes noires. Le final se montre très naturel, plusieurs plans imprécis sur Ellen Page habillée de sa veste rouge, qu’on avait pas vu du film, ce qui surprends un peu et puis fin. Le film ne prévient pas.
Sûrement du fait du faible budget du film, "Hard Candy" ne s’encombre pas de bandes-originales, ainsi deux chansons sont perceptibles et créditées a la fin, celle du final est "Elephant Woman" des Blonde Redhead, le titre de la chanson est sûrement une référence au personnage d’Hayley.