Hard hit rentre parfaitement dans le cadre d’un typique film coréen, à savoir, le thriller psychologique ultra stressant où il est question de vengeance ou de règlement de comptes. Ou les deux. Et plus, si affinités. Le gentil angoisse, cours et transpire tout le long du film (angoissant d'ailleurs tout le monde et tout son monde), et le méchant se la joue calculateur, froid et incroyablement créatif. Odieux et sans scrupules.
Mais, étonnamment, l’histoire nous arrive directement du scénariste italien Alberto Marini. Non, les Coréens ne sont pas les seuls maîtres dans la matière. Dani de la Torre, réalisateur espagnol nous l’avait bien prouvé en 2015 avec son thriller « Appel inconnu » (Titre en France), « El desconocido (L’inconnu, en Espagne) ». Après le visionnage de Hard Hit, la question grosse comme une montagne se pose, s’impose. Pourquoi faire un remake si c’est pour faire une copie aussi conforme ? Et surtout et par-dessus tout, pourquoi répéter les mêmes incohérences ?
Si c’était pour rendre l’inconnu en question (El desconocido) un tout petit peu plus humain (vraiment un tout petit peu), était-ce bien la peine ? Mais, Ji Chang-wook est-il à la hauteur ? Presque. Ce « presque » fait toute la différence parce qu’il grignote, malgré lui, la crédibilité à laquelle nous nous sommes laissés accrocher depuis le debut. Pourtant, il aurait pu largement consolider la densité du rôle. Nous l’avons déjà vu assumer des performances aussi profondes qu’intenses, tenir le rôle haut la main. En fait, la personne qui nous a tourmenté depuis le début, ne correspond pas du tout à l’homme meurtri qui apparaît enfin devant nos yeux.
Seong-gyu (Jo Woo-jin) et Carlos (Luis Tosar) sont tous les deux directeurs de banque, chacun dans son pays et dans sa version de film. Le premier dans une Genesis gv80 et le deuxième dans une BMW x5 (Clin d’œil à « Locke » ?). Le niveau est donc tout de suite établi : je ne suis peut-être pas milliardaire mais, mon niveau me permet de me payer une grosse bagnole. Ils se rendent au boulot avec leurs deux enfants dans la voiture, avec l’idée de les déposer à l’école. Mais, hélas, quelqu’un leur annonce qu’il y a une bombe sous le siège et qu’il ne faut surtout pas quitter la voiture. La sensation de claustrophobie s’installe directement. Le spectateur est « enterré » avec nos directeurs. Avalé, englouti. Il n’ose pas bouger. Ou respirer. Ou n’importe quoi d’autre.
Du moment où l’on ne peut pas sortir de cet espace aussi confiné, qu’il faut traverser la moitié de la planète contre-la-montre, histoire de ne pas se faire exploser avec les deux enfants… qu’ils ont la police à leurs trousses, que personne ne peut les aider… Le film devient un movie road excessif, complètement déchainée, et débridée à souhait (et même si on ne le souhaite pas, impossible de s’arrêter). Ça part en couille, quoi. Et dans tous les sens du terme.
Si le scénario n’est peut-être pas le plus recherché et original du monde, l’interprétation des acteurs principaux est tellement extraordinaire, que nous sommes submergés par leur adrénaline et complètement embarqués dans l’histoire. On est conscient des incohérences, des petits bouts de corde qui ne conduisent nulle part, des mélimélos absolument pas crédibles mais… nous sommes avec eux dans la voiture et nous avons intérêt à ne pas bouger nos fesses. Et puis, nous arrivons au tiers du film et du parcours. Le soufflet qui avait eu tellement du mal à tenir, s’effondre devant nos yeux impuissants (dégoûtés ?).
On s’attend largement à cette fin. Elle essaye de puiser sa force dans le côté émotionnel d’un spectateur déjà déçu. La vue de la mer aurait pu nous soulager. Enfin un paysage ouvert, avec probablement un avant-goût de liberté. Oui, mais non. On sent la catastrophe arriver et on se dit, « Tout ça pour ça ? ». Pour qu’un film puisse tenir la route, et c’est le cas de le dire, il faut qu’il arrive aussi à tenir la cadence. Les échos de « Locked », présents pendant toute la durée du film se taisent. « Locked », thriller écrit et réalisé par Steven Knight, sorti en 2013, dont la trame se passe entièrement dans une voiture.
« Hard hit » parie son intrigue sur une histoire de vie ou de mort, tractée par la bonne et vieille ressource du thriller délimité par le temps. Il est évident qu’un compte à rebours, d’une bombe qui plus est, hausse le ton directement. Un suspense intense, cruel, robuste et qui monte en flèche sans nous laisser du répit. Dommage que le dernier tiers du film n’ait pas réussi à rester dans la constan