A la première lecture, il y a une impossible histoire d'amour qui ne manque pas de charme. Celui des deux protagonistes y est d'ailleurs pour beaucoup : Diane, jeune et jolie New-yorkaise plus ou moins esseulée ; et Selim, richissime prince arabe, avec le regard intense de ceux qui le laisse se perdre souvent sur l'horizon du désert. Très à cheval sur ses principes ancestraux, il l'enlève de façon très cavalière, pour l'incorporer à son harem ! "Choisie" sur photo, la jeune femme passe brutalement de l'univers citadin à cet autre qui, de tous temps, a polarisé l'imagination et entretenu aussi bien des fantasmes au masculin qu'au féminin !
Le harem... Avec Diane, on découvre ce lieu réputé inviolable où des femmes jeunes et vieilles vivent recluses et alanguies par les bains répétés. Leur intimité collective, mais pas forcément solidaire, ne pouvant justement être violée que par le Maître. En plein désert, le palais de Selim va rompre avec cette sérénité légendaire du fait de la présence rebelle de cette première occidentale à plonger dans le rituel aquatique du hammam. Car, refusant cette cage dorée, "La prisonnière" dans le désert cherche à percer le moi profond de celui qui ose la séquestrer. Inévitable et saisissante confrontation entre deux modes de vie, civilisations... Celle de Selim, de plus en plus "contaminée" par celle de Diane, semble vaciller malgré des certitudes millénaires. Anachronisme du harem mis à nu à l'ère de la libération de la femme ! A contrario, symbolisme fatal des vêtements européens, mais chut...
Après le mot "Fin", il y a pourtant de quoi ressentir un peu de frustration : pas suffisamment impliqué. Séduit par les images épurées, veloutées, lumineuses, mais dérouté par le rythme très lent. On croit au personnage de Selim (Ben - Gandhi - Kingsley, magnétique sans tics) tiraillé entre ses racines et ses remises en cause ; moins à celui de Diane, allant en se diluant, malgré l'interprétation toute en spontanéité de Nastassja Kinski. Mais parce qu'elle se dissimule derrière, on peut aussi estimer que "Harem" a le mérite de lever le voile sur cette condition féminine fort peu oasis de vie !.