Premier film (difficilement) trouvable de Nomura dans nos contrées alors qu'une vingtaine de films le précède. Il adapte pour la première fois son futur auteur fétiche, Seicho Matsumoto. C'est à ma connaissance, son entrée en matière dans le polar (il aurait fait surtout des comédies et des drames avant) et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est une entrée fracassante. Avec Harikomi, il livre déjà un film majeur pour le polar et le film-noir japonais avant de réitérer l'exploit deux décennies plus tard avec Le Vase de Sable. Le film a rencontré un succès critique avec quelques récompenses à la clef et il figure dans la liste des 100 meilleurs films japonais de tous les temps de 1999 et de 2009 selon la prestigieuse revue de cinéma japonaise, Kinema Jumpo.
C'est ma deuxième incursion dans le cinéma de Nomura après la claque "Le Vase de Sable". C'était formidable, Yoshitarô Nomura s'impose déjà comme un de mes réalisateurs préférés. Il y a déjà tout ce que j'aimais dans "Le Vase de Sable" dans ce film. Un japon estivale avec une chaleur étouffante, une enquête qu'on pense classique mais qui s'avère être plus profonde et humaine qu'au premier regard, un duo de flics charismatiques, des décors ruraux somptueux, la notion de voyage et j'en passe. J'adore les enquêtes qui sortent des sentiers battus, ici pendant une bonne partie du film, c'est le calme plat. Les détectives s'ennuient et arrivent à se demander si la suspecte en est vraiment une. Cette première phase d'ennui est fascinante car le moindre petit détail anodin nous prend aux tripes. Je trouve ça très fort de faire un film sur l'ennui absolument jamais ennuyant pour le spectateur. Malgré cet ennui, le film arrive à être prenant de bout en bout car Nomura arrive à procurer une tension assez incroyable. On a aussi droit à des scènes de filatures superbes. Puis qu'est ce que c'est beau visuellement, les décors naturels, la photo et la mise en scène sont parfaits.
Stakeout est instantanément devenu un de mes polars de référence, prenant, déjouant les attentes du spectateur et possédant une ambiance incroyable. Plus hâte que jamais de parcourir sa filmographie.
A voir si on a aimé Harikomi ou inversement :
- Chien enragé de Akira Kurosawa, autre film noir japonais majeur marqué lui aussi par la chaleur étouffante de l'été japonais.
https://www.senscritique.com/liste/yoshitaro_nomura_le_maitre_oublie_du_polar/2930811
Critique partiellement écrite le 17 janvier 2021.