Voir Nomura se plonger dans l'horreur ne pouvait que me combler. Il avait déjà effleuré le genre dans Village of the Eight Tombs mais ici il y va à fond. Avec Writhing Tongue il se la joue Cronenberg en nous livrant un film body-horror aussi terrifiant que bouleversant. Ici pas de fantastique, l'horreur est terriblement réelle. Le monstre, c'est la maladie. Rarement une maladie aura été aussi terrifiante au cinéma. Nomura va filmer les répercussions physiques au plus proche : les plaies, les blessures, les interventions médicales, etc. C'est sans aucun doute son film le plus viscéral et éprouvant, on en ressort esquinté. Il y a un fétichisme assez prononcé sur le matériel médical qui le rapproche assez bien de Cronenberg du coup. Outre son aspect horrifique éprouvant et pourtant simple et très ancré dans le réel, Nomura arrive aussi à nous bouleverser sans jamais rentrer dans le larmoyant. Car si la maladie est effrayante c'est aussi le désespoir des parents qui nous prend aux tripes. Le casting est extraordinaire surtout la petite fille. La musique de Yasushi Akutagawa est parfaite, d'un onirisme fou et visuellement c'est comme toujours de très haute volée. Le film est très anxiogène car c'est finalement un huit-clos étouffant, on est littéralement pris au piège et impuissant dans cet hôpital. A deux, trois reprises Nomura s'emballe et nous livre des scènes de cauchemars poétiques et terrifiantes. Non content d'avoir réalisé parmi les meilleures polars de tous les temps, il réussit aussi l'exploit d'avoir filmé un des meilleures films d'horreur du cinéma sur un postulat aussi simple que la maladie. Encore un immense coup de cœur pour un film de Nomura, un film viscéral, bouleversant et éprouvant qui mérite d'être redécouvert. Pour moi, on n'est pas très loin de L'Exorcist de Friedkin en terme de drame et d'horreur.
L'OST de Yasushi Akutagawa est une nouvelle fois incroyable : https://www.youtube.com/watch?v=mSGjbvjqCNE
https://www.senscritique.com/liste/yoshitaro_nomura_le_maitre_oublie_du_polar/2930811
Critique écrite le 22 janvier 2022.