Mars 2010:

Etrange petite chose. Comme le cinéma japonais sait si bien le faire, le film ne se laisse pas facilement étiqueter. Dans quel genre le situer? Polar? Drame romantique? Etude de moeurs? Voyage introspectif? C'est à peu près à tout cela que l'on peut raisonnablement l'associer.

La musique très Bernard Hermannienne (on songe surtout à North by Northwest) cantonne un peu trop le film sur son côté policier, appuyant le suspense de notes et harmonies tendues et coupantes.

Par contre le rythme parfois très calme contraste. Il amène de nombreux temps de réflexion, de contemplation invitant le spectateur à entrer dans l'intimité des personnages. Ce "Stakeout" est l'occasion, très cinématographique, intensément dramatique de mettre en relief les préoccupations des personnages. Ici, Nomura se focalise sur un policier indécis vis à vis de sa compagne. L'implication dans la surveillance va lui permettre de trouver sa voie. Minoru Ohki même si sa performance est honnête n'est pas suffisamment mis en valeur par Nomura.

On pourrait d'ailleurs reprocher à ce dernier de ne pas mettre en relief les talents de tous ses comédiens. C'est le cas également de la belle Hideko Takamine. Cette actrice que je sais prodigieuse grâce à Naruse notamment ne développe pas assez son personnage, sauf peut-etre sur la fin.

La faute au scénario évidemment qui privilégie le mystère du personnage mais aussi la faute à une mise en image, avec une caméra trop éloignée à mon goût. Même en préservant l'intrigue je suis certain que ces deux comédiens auraient pu donner beaucoup plus de profondeur à leur rôle, en travaillant sur l'expression par exemple. De ce fait, il me semble que le spectateur demeure un peu lointain de l'intrigue et de ce que ressentent ces deux êtres. Le dépersonnalisation qui en découle n'a un peu navré.

Reste une attention maintenue malgré 1h50 de film. L'histoire est emballante. Elle rappelle "Etroite surveillance" de Badham, en beaucoup moins exubérante évidemment. Ici, il ne s'agit pas d'une comédie. Le propos reste sincère, parfois grave. Le cinémascope est bien utilisé, pas uniquement sur les horizons de la campagne nippone.

Dommage que l'édition dvd "Rarovideo" soit si médiocre. La compression est si mauvaise que le ciel pixellise à de nombreuses reprises et il est rendu difficile de distinguer certains contrastes ou pire, la finesse du regard de Hideko Takamine.
Alligator
6
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le 6 avr. 2013

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