Les réussites récentes en provenance de Corée ont un peu occulté une évidence historique : le cinéma de la cruauté, en Asie, c'est d'abord celui du Japon. Le jeune réalisateur Koji Fukuda, avec Harmonium, reprend le flambeau après ses illustres confrères du siècle dernier : Masumura, Imamura et Oshima. Harmonium tient sur un secret du passé et un drame au beau milieu de son récit. Le restant est quiétude apparente et vision peu amène de la famille puis, après une superbe ellipse, un lent délabrement de l'harmonie, justement, provoqué par l'apparition traumatique de la vérité. Fukada maîtrise parfaitement son histoire, techniquement parlant (beaucoup de plans qui suivent la marche des protagonistes, tradition japonaise sublimée dans le passé par Mikio Naruse) et aussi narrativement même si un petit resserrement de l'intrigue n'aurait pas été superflue. Le film s'aventure parfois vers des zones d'inconfort maximales et s'offre à l'occasion de petites embardées fantastiques. Il y a beaucoup de bonnes choses dans Harmonium, mais pas toutes abouties, qui incitent à penser que le potentiel de Fukada est considérable.