La saga ne pouvait qu’être adaptée au cinéma : par son ampleur internationale, évidemment, mais aussi et surtout par l’imaginaire si visuel que les livres ont su mettre en place. Lorsqu’ils se lancent dans l’aventure, les studios Warner ont devant eux une décennie de succès assurés, et des investissements à la mesure.
En faisant appel à Chris Columbus pour les deux premiers volets, le ton est donné : le spécialiste de l’enternainment familial (Mrs Doubtfire, Maman j’ai raté l’avion ou encore le scénario des Goonies…) est aux commandes, et ne va pas déroger à la mission.
Les moyens déployés sont à la hauteur des attentes : en excédant les deux heures trente pour ce premier opus, l’exposition est prise au sérieux. Il s’agit de mettre en place un univers nouveau, dans lequel des personnages amenés à grandir doivent prendre leurs marques. Sans trop faire honte au modèle par les coupes de rigueur, le travail d’adaptation est soigné, et la visualisation plutôt convaincante : Poudlard est un décor délicieusement anglais, combinant la pierre ancienne et la magie rutilante, et l’alchimie entre les effets visuels et une esthétique à l’ancienne fonctionne entièrement : luminaires en lévitation, escaliers mobiles, et une très belle séquence d’échecs où des statues géantes se fracassent les unes contre les autres.
De fait, toutes les qualités du film proviennent du très bon livre dont il s’inspire : la découverte d’un monde parallèle, des origines d’Harry, de son statut d’élu, et cette dynamique initiatique qui permet celle, simultanée, du spectateur. Les thèmes universels de l’héritage, du deuil et de l’amitié irriguent avec tact l’intrigue principale, par quelques motifs magiques habilement disséminés par l’auteur, comme ce très beau miroir, reflétant jusqu’à la folie les désirs de celui qui le contemple.
Les jeunes comédiens sont encore un peu hésitants par moments, et certains effets (comme pour le match de Quidditch) ont indéniablement vieilli, mais on se montre volontiers tolérants sur ces défauts secondaires.
Harry Potter... est une belle entrée en matière, collant parfaitement à l’ambition elle aussi moindre du premier volet : nous sommes encore dans une magie enfantine, en attente d’obscurcissement dans les opus à venir.