Un ticket pour le Poudlard Express
C'est un jour comme un autre. Il fait un temps de chien - toutefois la pluie ne m'apparaît plus maussade depuis que j'ai vu "Le Jardin des mots" de Makoto Shinkai -, une soudaine envie me prend alors de revisionner un Harry Potter. N'importe lequel m'aurait convenu, mais autant recommencer par le premier. Je ne sais pas encore si je vais me lancer dans un "marathon" HP comme on aime appeler ça ici.
Après avoir enchaîner des rencontres peu joyeuses comme celles des Salauds de Kurosawa, du Diable de Jee-woon, du Batman de Nolan et même d'un Tyrannosaur tout en intérieur de Glasgow, je ressentais un besoin. Un besoin de magie, d'une ambiance bon enfant.
Donc, retour à Poudlard ! C'est un peu ma rentrée des classes. C'est vrai, j'ai toujours rêvé de recevoir une lettre me disant que j'allais être un futur écolier-sorcier. Puis, leur liste de fournitures, elle serait géniale à faire : un balai volant, une baguette magique, un chaudron... et on peut même se la péter (ou courir après, ça dépend si on s'appelle Ron Weasley ou non) avec son hibou, son crapaud et je ne sais quel autre animal domestique.
Se dire qu'on va pouvoir se délecter des pages de livres tels que les sorts & enchantements de Miranda Fauconnette, des randonnées avec les trolls ou encore du monstrueux livre des monstres. Et je ne parle même pas des matchs de Quidditch.
Oh, le Choixpeau magique, avant que j'oublie ! Je veux en avoir un sur la tête, qu'il puisse me dire : « - Hum, ce n'est pas facile. C'est même très difficile. Je vois beaucoup de courage. Des qualités intellectuelles, également, Il y a du talent et... ho ! ho ! mon garçon, tu es avide de faire tes preuves, voilà qui est intéressant... Voyons, où vais-je te mettre ? ». Si j'avais à choisir l'une des quatre maisons, ce serait naturellement Gryffondor, la question ne se pose pas.
La vie à l'école des sorciers ça semble être d'enfer, du moins, notre Harry va en découvrir d'autres facettes, plus sombres...
A ce propos, faut-il que je refasse un pitch de la situation ? L'histoire du petit Harry, la majorité d'entre nous la connaisse. Ca ne mènerait à rien de vous dire qu'il a été élevé auprès d'un cousin obèse plus que détestable, de son horrible oncle et de la cruche qui lui sert de tante et ce, après avoir vu un méchant monsieur à capuche tuer ses parents. Alors forcément il est remonté, mais il ne se souvient que de quelques brins de ce tragique événement... tout un puzzle qu'il doit reconstituer.
A l'époque, Harry était très jeune, moi aussi. Il portait encore un slip, moi aussi. Et il avait des lunettes hideuses, comme moi ! J'vous le dis, il y avait une alchimie entre nous. On était de vrais potes. Lui ne le savait pas, il ne l'a jamais su d'ailleurs...
Enfin, ces anecdotes inutiles, on leur dit oust ! Sans plus tarder, venons-en sérieusement au film. Le constat est indéniable, c'est une adaptation fidèle du roman de J.K. Rowling. Elle le suit au pied à la lettre, on sent que les scénaristes veulent bien faire - une qualité qui peut se transformer en défaut - aucune liberté n'a été prise par rapport au texte d'origine. C'est bien ? C'est mal? Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y avait pas que deux solutions, des compromis existent. Par exemple, Peter Jackson fonctionne autrement, à travers ses films il prend pas mal de libertés et les résultats sont cools. Les fans de la première heure des oeuvres traitées ne pestent pas à son égard.
A l'instar de Star Wars, le long métrage de Chris Columbus est le premier épisode d'une longue saga. Un travail d'introspection qui n'est pas une mince affaire car la vague n'était pas encore lancée, mais celle-ci a bien été entamée par le cinéaste qui insuffle la dose suffisante à tous les ingrédients habituels, c'est-à-dire l'humour, le sens de l'aventure et un lot d'émotions. Le décor est planté, l'ambiance est définie et la galerie de personnages ne tarde pas à se dévoiler sous nos yeux ; en partant du choix parfait que fut Daniel Radcliff jusqu'aux seconds rôles tous convaincants.
Je me souviens de ce plafond magique et des chandelles volantes dans la pièce commune de l'école, la grande salle où les élèves et les professeurs festoyaient (sauf quand Dumbledore devait taper une gueulade tempérée) en se goinfrant de roast-beef, de ragoût de boeuf, de bouillabaisse, de saucisses frites... le tout en buvant du bon jus de citrouille (et si vous le supportiez pas, y'avait qu'à boire de l'hydromel aux épices, la boisson fétiche d'Hagrid !). Et au dessert, toutes sortes de friandises et de crèmes glacées... Leur Noël était aussi un moment de grâce, il n 'y avait qu'a voir leur délicieux pudding, on comprenait pourquoi ils avaient le sourire aux lèvres... et la main sur le ventre après en avoir trop mangé.
Harry Potter à l'école des sorciers est un film à la structure épisodique pour lequel il y a beaucoup de choses à redire, il fait place aux prémices d'une aventure tortueuse traînant des pattes quelques lacunes, mais il n'y a pas non plus de quoi sourciller. Ce n'est certainement pas le gamin que j'étais qui allait froncer les sourcils... non, ô que non, ces images au ton étrange et magique était tout droit tiré de mes rêves d'enfant.
Trêve de plaisanteries, j'ai une partie d'échecs géants qui m'attend.