Harry Potter et l'ordre du phénix par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Les vacances se terminent pour Harry Potter chez son oncle et sa tante toujours aussi haineux envers lui et son gros balourd de cousin arrogant. Alors que dans la région règne la sécheresse, le ciel s'obscurcit: ce sont les forces du mal incarnées par l'abominable Lord Voldemort. La communauté des sorciers, sous la coupe de celui-ci, nie l'évidence et exclut Harry du collège de Poudlard. Sa cinquième année d'étude est alors compromise d'autant que le quotidien des sorciers "La Gazette" essaie de faire courir le bruit que le vieux directeur de l'établissement, Dumbledore, est atteint de sénilité et n'est plus apte à gérer de telles responsabilités tandis qu' Harry Potter n'est qu'un usurpateur. Heureusement Harry Potter sort vainqueur de son audition devant les magistrats et le jury du Ministère de la Magie lui donne le droit de réintégrer Poudlard. Il pourra ainsi retrouver ses compagnons Hermione et Ron. Malheureusement le Ministère de la Magie n'a pas dit son dernier mot en nommant un nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal, Dolorès Ombrage, chargée en fait de mettre l'ancienne direction de Poudlard sur la touche. Toutefois, d'une sévérité et d'une mauvaise foi manifestes, elle ne parvient pas à former les élèves pour se défendre contre les forces du mal qui planent aux alentours. C'est alors que les trois compères Harry,
Hermione et Ron décident de rassembler un groupe d'élèves afin de former "l'Armée de Dumbledore" pour les entraîner à combattre l'adversaire. Néanmoins de nombreuses entraves vont se dresser face à eux et la lutte sera terrible.

Ce cinquième chapitre de cette formidable saga nous dévoile un Harry Potter dont la naïveté enfantine et de l'adolescence ne sont que souvenirs car maintenant il entre dans le monde des adultes. Pour notre héros la période des questions sur son enfance s'envole pour faire place à des idées beaucoup plus réalistes de justice luttant contre l'intolérance et les forces du mal qui ont décimé les siens. Bien sûr notre jeune sorcier à encore beaucoup à apprendre afin de combattre efficacement ses adversaires mais il est devenu plus résistant et raisonné. Il devient également plus solitaire et meneur d'hommes tout en sachant qu'il peut toujours compter sur ses fidèles compagnons prêts à lui venir en aide. C'est aussi le moment où il fait des bilans sur sa destinée et sur l'opportunité d'avoir risqué la vie de ses compagnons dans une périlleuse aventure. Puis le temps des amourettes arrive et bien sûr notre Harry n'échappe pas à la règle, bref tout devient cette fois plus sérieux, plus dur car il se bat contre certains anciens, personnages corrompus par peur de Voldemort. Il se bat également contre des institutions rétrogrades avides d'interdits et ennemies de la liberté. Harry Potter déclare la guerre à la répression, aux ennemis de la liberté qui ne peuvent être que les complices des Forces du Mal. En fait notre héros devient un bouclier contre les méfaits de l'obscurantisme, de l'intégrisme et de la pudibonderie, terreaux du fascisme, en levant contre ce fléau toujours d'actualité sa petite armée de copains fidèles. Ce film profite en fait de son côté mystique pour appeler les hommes à se battre pour la justice et la liberté et même si le discours est certes parfois simpliste, il a le mérite de pouvoir se faire entendre du public. Il nous démontre également qu'un trop plein d'interdits et de contraintes ne provoque souvent pas l'effet escompté par leurs auteurs.

Dès les premières notes bien connues de la musique, David Yatès nous propose à nouveau une évasion au sein d' un monde sans pitié, bourré de rancoeurs et d'agressivité. Pourtant, malgré cette accumulation de fléaux, Poudlard plie mais ne rompt pas. Au milieu d'une mise en scène d'une extrême efficacité et de décors féeriques, on finit par se sentir un peu comme chez soi aux milieu de ces personnages dont certains sont devenus nos amis et d'autres nos pires ennemis par leur côté machiavélique. On suit l'évolution dans la vie agitée et torturée de Daniel Radcliffe qui continue à nous enchanter dans son célèbre personnage devenu fort séduisant d'Harry Potter. Hermione, devenue femme, est aussi devenue plus réfléchie et belle à ravir et Emma Watson s'acquitte toujours aussi bien de son personnage. Quant à Run, le rouquin, fidèle d'entre les fidèles est fort bien incarné par Rupert Grint, son évolution dans ce rôle est tout à fait convaincante, si bien que l'on ne peut détacher notre ferveur pour ce trio infernal. Dolorès Ombrage, la grande inquisitrice tout de rose vêtue, elle est remarquablement interprétée par Imelda Staunton, horripilante et tyrannique à souhait. Et puis l'on retrouve avec plaisir le restant habituel des "locataires" du monumental site de Poudlard et de ses environs avec en prime quelques étranges créatures... Vous serez à nouveau ensorcelés par les splendides prises de vues agrémentées d'éclairages merveilleux et subjectifs, par de nouvelles trouvailles véritablement étonnantes et par les scènes de combat formidablement bien réussies

D'un coup de baguette magique David Yatès nous emporte à nouveau dans le pays des cauchemars mais aussi des rêves au prix de bons nombres de prouesses techniques. Si le propos paraît plus réaliste que dans les précédents épisodes, l'humour et les clins d'oeil ne sont jamais loin. Cette oeuvre grandiose nous ensorcelle et pour moi, la magie a de nouveau opéré. Voici un chef-d'oeuvre de plus dans la série et... vivement la suite!!!