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Si on pouvait parfois reprocher au film précédent d'un peu rusher tout ce qui donne de la saveur à la série de Rowling pour se focaliser sur son intrigue, on se doit de faire le même reproche au premier film de David Yates (qui continuera à garder le siège de réalisateur jusqu' à la fin de la série), mais en pire. Car oui, Yates doit faire tenir sur deux heures un roman de mille pages, et il démontre un certain talent dans cet exercice compliqué qui consiste à synthétiser à ce point un récit sans totalement le dénaturer. Néanmoins, des pans entiers de l'histoires, tel que la main mise de plus en plus importante du ministère de la magie sur l'école de Poudlard par l'entremise d'Ombrage, ou l'entrainement des élèves aux techniques de défense contre les forces du mal dans la chambre sur demande, sont expédiés à coup de montages que n'aurait pas renié Parker et Stone dans Team America
Le résultat en est que l'impacte émotionnel de certaines scènes est annihilé, que ce soit cette solidarité qui s'installe entre les élèves, ou la lente déliquescence de l'ambiance de l'école qui verse petit à petit dans le sinistre, voire même la mort de certains personnages importants tombant un peu à plat, tant cette nécessité de caser tous les éléments du récit en un temps imparti peut paraître artificielle.
Yates s'en sort beaucoup mieux au niveau de la mise en scène de l'action, et il faut avouer que les scènes de combat entre les mangemorts et l'ordre du phénix au ministère de la magie ou du duel magique opposant Dumbledore et Voldemort sont particulièrement réussies et sont emblématiques des qualités de mise en scène du réalisateur.
Les acteurs n'ont rien à se reprocher tant ils se démènent pour parvenir à faire passer tout de même quelques émotions malgré le peu de temps qu'on leur laisse pour se faire.
Le trio de jeunes acteurs vedettes avait vraiment commencé à briller dès le troisième épisode et continue de s'améliorer à mesure des films, Daniel Radcliffe en tête, qui offre des prestations de plus en plus fine de son personnage. Le reste du casting n'est pas en reste comme d'habitude. A ce casting d'excellents acteurs viennent se greffer encore quelques rôles importants pour le reste de la saga: Helena Bonham carter qui incarne Bellatrix Lestrange en étant peut-être un peu trop dans le surjeu, et reste toujours sur le fil du ridicule et de l'excès sans jamais complètement tomber dedans, mais c'est surtout Immelda Staunton qui vole la vedette à tout le monde en incarnant une Dolores Ombrage qu'elle parvient à rendre plus détestable que Voldemort.
Harry Potter et l'Ordre du phénix est donc tout à la fois une déception et un tour de force scénaristique et rythmique, pour être parvenu à caser une histoire aussi dense en un temps aussi court tout en sacrifiant au récit une bonne part de l'émotion qu'il se doit de véhiculer.