Au vu du succès du premier opus, on aurait tort de changer une formule gagnante : Chris Columbus rempile donc, et avec lui toute l’équipe pour un nouveau volet dans le monde crée par J.K. Rowling.
On pourrait craindre un éventement de tout ce que le premier opus avait à exposer, mais c’est pourtant sur ce sujet que le film tient le plus la route : Poudlard et ses escaliers mouvants, l’ambiance minérale accentuée par l’exploration des bas-fonds de la structure, les incursions dans la forêt consolident encore l’univers qui gagne en épaisseur. Le casting des adultes, impeccable et british en diable, crédibilise une intrigue sympathique et un peu plus sombre que la première.
Tout est, une fois encore, question de détail, et Hollywood sait dans ses franchises les plus prestigieuses montrer où il met son argent : certes, les scènes d’action sont les points culminants en terme de récits, mais ne brillent pas pour autant par une efficacité hors norme, notamment celle du match de Quidditch, assez laide dans son image. L’alliance de la musique de Williams, d’un beau travail sur la lumière permettent l’extension d’une mythologie qui en est encore à ses balbutiements.
Ces points forts excusent en partie les défauts assez nombreux du film, qui fait tout de même montre d’une certaine paresse. Sa durée est trop longue, son rythme pataud, le jeu des enfants encore largement perfectible (mention spéciale à la VF, une torture absolue), et le montage lui aussi lymphatique, particulièrement dans les scènes de dialogues.
Certes, le récit de Rowling l’emporte : par cette intrigue s’inspirant des thrillers et des films d’épouvante, mais surtout par des arcs plus vastes qui voient surgir des questions de fond, ambitieuse pour la littérature de jeunesse, comme le racisme et l’idéal d’une race pure, ou l’esclavage avec les elfes de maison.
Récit et univers attrayants, un peu affadis par une forme dénuée d’ambition : un reproche qu’on pourrait faire à bien des grosses machines, handicapées par leur propre grandeur. Warner saura pourtant éviter l’enlisement en recrutant pour le volet suivant un véritable cinéaste : et là, on atteindra des sommets en matière de divertissement populaire.