Harry Potter et la Coupe de feu est probablement mon livre préféré, laissant le lecteur en éternel suspend, suspendu par les mots de son auteur, où chaque chapitre comporte son lot d'action, de suspense et de révélation. Le bouquin est tellement dense, que l'adapter sur grand écran paraît d'emblée extrêmement compliqué. La première fois que j'avais vu le film, en avant première au Grand Rex, la déception était de mise. Pourtant, depuis lors, à chaque visionnage je reste bluffé par la qualité du film qui fait le choix de ne pas s'éterniser sur ce qui pourrait être superflu (mais pas moins intéressant à lire).
Je considère Harry Potter et la Coupe de feu comme étant la plus mauvaise adaptation, et pourtant, le film dure plus de 2h30. Savoir a posteriori qu'il était prévu de faire le film en deux parties me rend triste, au même titre que le choix de faire la séparation du 7ème opus paraît judicieux. Cet Harry Potter marque le tournant majeur de la saga, plus orienté vers l'horreur et la présence de Lord Voldemort renforce ce sentiment d'incertitude et d'insécurité.
Le monde magique ne se limite plus à Poudlard, ce que le film fait assez maladroitement. Si le Tournoi des Trois Sorciers est un argument majeur d'extension d'univers et de ressorts narratifs excellents dans les livres, Mike Newell rend sa copie avec une simplicité qui est la force du film, mais qui rend préjudice au livre. Le côté teen movie prend vie: les amourettes, l'introduction des écoles rivales, et des acteurs ancrés dans leur adolescence. L'humour se veut moins vif que par le passé. C'est dans Harry Potter et la Coupe de feu qu'apparaissent également les sorts les plus dangereux, et dorénavant la baguette émet de la lumière.
Mon plus grand reproche est l'introduction du film. Si les premières minutes sont parfaites et portées par la superbe musique de Patrick Doyle, l'enchaînement des événements va trop vite. Si la méthode est correctement exécutée, passer du rêve de Voldemort à la Coupe du Monde de Quidditch, puis de la fête à l'horreur des Mangemorts, puis du retour à Poudlard au début du Tournoi, le tout condensé en une dizaines de minutes alors que le livre s'y attarde très longuement à de quoi décevoir, au même titre que l'épreuve finale du tournoi très différente et nettement moins intéressante à l'écran.
Et pourtant, tout s'enchaîne avec logique. Harry Potter et le Coupe de feu est un film d'aventure. Une aventure qui s'achève dans un cimetière... et le retour de Voldemort est parfait de bout en bout. Ralph Fiennes vole la vedette à tout le monde, et laisse cette impression malsaine malgré un faible temps à l'écran.
Mike Newell propose un film à prendre avec beaucoup de recul si l'on aime les livres. L'identité y est très marquée à l'instar de ce qu'avaient fait Chris Colombus et Alfonso Cuaron avant. J'ai tellement de reproches à faire au film, et pourtant c'est toujours celui-là que je revois avec le plus de plaisir. Étrange paradoxe.
8/10.