Convaincu par Dumbledore (Michael Gambon) de revenir dans son ancien lycée, un ancien professeur de Poudlard, Horace Slughorn (Jim Broadbent), reprend sa fonction. Mais si Dumbledore voulait à tout prix voir revenir cet ancien professeur et ami, ce n’est pas que par sympathie. Il détient en effet un souvenir capital sur Voldemort qui pourrait bien être la clé pour pouvoir tuer le Seigneur des Ténèbres… Afin de découvrir ce souvenir, Harry (Daniel Radcliffe) va tenter de se rapprocher du professeur Slughorn. C'est en assistant à son cours qu'il découvre un livre mystérieux, sur un personnage non moins mystérieux, qui semble parfaitement maîtriser certains sortilèges rares et dangereux : le prince de sang-mêlé.
Deuxième film de Yates dans la saga, Harry Potter et le prince de sang-mêlé corrige les faiblesses du volet précédent, en nous montrant que bien entouré, le réalisateur n'est pas plus inapte qu'un autre à mettre en images le monde imaginé par J.K. Rowling. Ici, la principale nouveauté du film réside donc en l'arrivée d'un certain Bruno Delbonnel à la photographie, directeur de la photographie qui a travaillé avec Jean-Pierre Jeunet, Tim Burton ou les frères Coen, qui apporte une réelle plus-value au film de Yates. En effet, si le film conserve la touche de modernité que Yates lui apportait dans le film précédent, elle se trouve ici bien mieux maîtrisée grâce à une caméra aux mouvements plus fluides, plus longs et plus rigoureux, tout autant que par le biais d'un retour au classicisme de la part du décorateur Stuart Craig, qui ne s'autorisera des choses bizarres que le temps d'une scène (au demeurant fort réussie) dans la grotte du horcruxe.
Si la fidélité au roman n'est apparemment pas de mise, la fascination est donc toujours présente, et quoiqu’il faille – une fois n’est pas coutume – attendre les 40 dernières minutes du film pour faire véritablement avancer le scénario, ce dernier acte du film se révèle à peu près parfait, revêtant un aspect sombre qui n’est pas sans évoquer Le Seigneur des Anneaux (Comment ne pas faire un rapprochement entre Gandalf et Dumbledore, d'ailleurs ?), tant dans son esthétique que dans sa grandeur de ton.
En effet, Harry Potter et le Prince de sang-mêlé est sans nul doute le premier épisode de la saga qui réussit à ce point à se mettre aux diapasons des grandes heures de la tragédie, en approfondissant d'une manière incroyablement intelligente des personnages écrasés par le poids d'un destin qui leur échappe. Cette grandeur tragique trouve évidemment son accomplissement dans un finale grandiose, sans jamais être grandiloquent, où le tragique se fait d'autant plus sensible lorsqu'on connaît la vérité qui se cache derrière ces trompeuses apparences.
Si tout l'intérêt du film réside donc évidemment dans son acte final, le reste n’est pas pour autant dénué d’intérêt, et c'est avec plaisir que l'on retrouve nos errances dans la vie quotidienne du lycée, avec en prime les aventures sentimentales de Ron et d’Hermione, qui, certes, menacent parfois d’envahir le scénario, mais savent rester suffisamment discrètes et amusantes pour ne pas lasser outre mesure le spectateur.
La vie quotidienne de Poudlard trouve d'ailleurs un excellent atout en la personne de l'excellent Jim Broadbent (savamment doublé par un Roger Carel qui justifie à lui seul que l'on choisisse la VF pour ce film), qui apporte à la saga un personnage fort intéressant, qui ne se contente ni d'être un pur sidekick ni un élément apporté au scénario dans le seul but de le faire avancer sans réelle interaction avec le reste, mais qui réussit à être les deux sans sacrifier la dimension dramatique de son personnage à un comique d'autant plus agréable qu'il n'envahit justement pas toute l'intrigue autour de Slughorn.
Au rythme d'une excellent bande-originale de Nicholas Hooper (revue à sa juste valeur grâce aux instances de notre cher Rcan), Poudlard reprend donc vie avec la même magie qui donnait aux films de Columbus leur charme apparemment inimitable. Plus que les deux épisodes précédents, Harry Potter et le prince de sang-mêlé réussit donc à retrouver un équilibre salutaire entre un divertissement léger et une puissance dramatique exceptionnelle qui font que l'on ne regarde jamais sa montre, et que l'on sort avec une larme à l’œil qui prouve qu'on a été plus remué que ce que l'on voudrait bien admettre par ce qui s'avère, malgré une trop sévère opinion générale, un des meilleurs épisodes de la saga.