Je vais faire simple.
Le Prisonnier d'Azkaban symbolise le renouveau d'une saga, après deux épisodes très efficaces mais calqués sur les bouquins. À l'instar de Terminator 2, The Dark Knight, Spider-Man 2, Star Wars V... voilà ce qu'il est, un épisode qui transporte Harry Potter dans une autre dimension.
Nouvel élan esthétique, Azkaban est un putain d'upgrade, tant pour sa mise en scène beaucoup plus travaillée, plus viscérale et plus dynamique que tout ce qui s'est fait avant et après cet épisode. La caméra de Alfonso Cuarón est moins statique, et l'ambiance noire d'Azkaban a été le début des emmerdes pour Harry. Plus seulement à Poudlard comme c'était le cas auparavant, mais aussi en dehors de l'école, chez lui, des menaces cachées au milieu des moldus.
Les aventures extraordinaires de nos petits sorciers se sont transformées en des préoccupations d'adolescents qui se cherchent, mêlées aux enjeux de l'histoire, le tout formant un bloc solide pour un film qui ne laisse plus de place à l'émerveillement mais à la peur, la crainte et le chagrin.
Les personnages sont mieux incarnés, plus vivants que jamais, leur enfance se finit dans un tourbillon de mystères où le temps est à la fois leur ennemi et leur arme. Les scènes qui ont fait la gloire de la saga sont parfois plus courtes qu'avant (la scène du Quidditch sous une pluie battante) mais tellement plus jouissives.
Le Prisonnier d'Azkaban est l'épisode de la maturité, le premier de la saga à s'enfoncer profondément dans cette noirceur, sans la tourner au ridicule. Il réussit surtout deux choses essentielles : s'éloigner du cahier des charges, et au-delà de tout il parvient à s'octroyer une identité qui lui est propre par rapport au livre original. Et ça c'est canon.
Il serait bon de réévaluer cet épisode à sa juste valeur, si ce n'est déjà fait. Cuarón n'a pas uniquement cibler ce film pour ses fans, déstabilisant certains d'entre eux. On ne pourra pas lui enlever une chose : il se l'est approprié et ce serait injuste de lui en vouloir... La temporalité a une place cruciale dans cet épisode, les secondes du film se suivent comme les aiguilles d’une montre. Une grande réussite qui, malheureusement, ne sera pas réitéré par la suite... Cuarón aura donc laissé son empreinte sur cette saga avant de prendre son envol, lui aussi, sur le dos de Bucky.
Le meilleur épisode d'Harry Potter, ad vitam æternam.