Mon film d'enfance préféré, j'ai gardé un très bon souvenir de ce long-métrage, et, mon revisionnage a été à l'image de mes souvenirs.


Après deux premiers films de Chris Columbus très appréciables, mais toutefois très conventionnels, on retrouve cette fois Alfonso Cuaron aux manettes, qui nous propose, pour cet opus, une réalisation très différente.


On retrouve donc nos petits sorciers (dont le jeu, s’il reste encore largement perfectible, s’est grandement amélioré), prêts à effectuer leur troisième année à Poudlard, mais sur lesquels plane la menace d'un meurtrier en cavale. La première différence marquante est le changement de ton. On quitte l'univers de l'enfance pour gagner progressivement en maturité, que ce soit dans le scénario, ou dans le cas de Harry. Ce dernier entre peu à peu dans l'adolescence, période sombre à l'image des évènements qui gravitent autour de lui. Cette noirceur se ressent dès les premières minutes du film, avec une photographie beaucoup plus terne et froide, contrastant avec les couleurs chaleureuses de ses prédécesseurs. On a également de nombreuses scènes de nuit ou de mauvais temps, et la lumière, quand elle est présente, n'est que rarement de bonne augure. L'univers magique qui a pu nous émerveiller par le passé nous fait désormais froid dans le dos : livres mangeurs de chaussures, journaux affublés d'avis de recherche terrifiants, on est loin de la féérie du Chemin de Traverse ou de la maison des Weasley.


C'est également un film qui traite de l'adolescence et de la quête d'identité. Car oui, Harry, plus encore que dans les autres films, va être au centre de l'œuvre, et va souvent se retrouver seul, face à lui-même, en témoignent les nombreuses scènes où il se retrouve face à son propre reflet. Se questionnant sur son passé, il va sans cesse trouver refuge dans des figures paternelles, qui, par une terrible ironie du sort et à l’image de ses parents biologiques, finissent toujours par le quitter.


Contrairement aux deux premiers opus auxquels on pouvait reprocher d'être un enchainement mécanique des scènes les plus importantes du livre, donnant une impression de "rush", ici, Cuaron sait prendre le temps. Si l'intrigue avance tout de même vite (ce qui est inévitable lorsque que l'on veut résumer une année scolaire en à peine plus de deux heures de film), on trouve des petites scènes de transition qui rendent moins artificiel l'enchaînement des scènes, tout en ajoutant une touche bucolique. Ainsi, le saule cogneur qui perd ses feuilles nous faisant comprendre que l'on arrive en automne, puis la neige qui tombe et qui ensuite fond, pour symboliser le passage à l'hiver puis au printemps, apportent un véritable charme à l'œuvre. On a également de plus nombreuses scènes de cours que dans les opus précédents, ce qui est appréciable dans la mesure où l'histoire se passe dans une école, ainsi que des scènes plus légères permettant de souffler un peu et d’aérer le récit. Il aurait peut-être fallu rallonger le film de quelques dizaines de minutes, pour développer encore un peu certaines intrigues et personnages, mais on aurait pris le risque d’avoir des longueurs, alors que, dans le cas présent, le rythme est parfaitement maîtrisé.
Mais le véritable tour de force de Cuaron réside dans ses plans longs fourmillant de détails. En effet, loin de se reposer sur les acquis établis par Columbus, le réalisateur mexicain creuse encore un peu plus l’univers, accentuant ainsi l’immersion dans cet univers. On ne peut que prendre du plaisir devant la scène des fantômes entrant triomphalement par les fenêtres, la chorale avec les crapauds, ou encore l’importance donnée aux tableaux vivants. Qui avait remarqué, durant la scène où Arthur Weasley parle à Harry au Chaudron Baveur, Percy se servant un thé en arrière-plan avec une théière magique ? Tout cela n’a l’air de rien, mais participe à la magie du film. La magie est d’ailleurs omniprésente dans la réalisation, la caméra suit le vol des oiseaux, passe à travers un miroir, une horloge…
En bref on a un très bon Harry Potter mais aussi un bon film réalisé par un Cuaron qui maîtrise son sujet tout en s’octroyant des libertés et qui prend des risques, ce qui n’est pas étonnant quand on sait que ce dernier nous délivrera par la suite des pépites telles que Les Fils de l’Homme, Gravity ou encore Roma…

droitquentin_gmail_c
8

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs films d'Alfonso Cuarón

Créée

le 1 déc. 2020

Critique lue 83 fois

Quentin

Écrit par

Critique lue 83 fois

D'autres avis sur Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban

Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban
Citizen-Ced
9

Chapitre 3 : OMFG, pourquoi ne pas avoir fait ça 7 fois ?!?

Après deux adaptations sympathiques mais un peu figées et manquant tristement de magie (le comble), voici enfin un film à la hauteur de l'immense œuvre de JK Rowling. Alfonso Cuaron bouleverse un peu...

le 4 avr. 2012

67 j'aime

7

Du même critique

Lost : Les Disparus
droitquentin_gmail_c
9

La meilleure série de tous les temps ?

Un ami m'avait parlé de cette série que je connaissais de nom mais à laquelle je n'avais jamais vraiment prêté attention. J'ai donc commencé à regarder, car je cherchais une série sympathique pour...

le 27 oct. 2017

2 j'aime

3

Jurassic Park III
droitquentin_gmail_c
5

Amanda chérie, le Professeur Grant dit que ce film est une mauvaise idée !

Ne passons pas par quatre chemins, Jurassic Park III n'est pas un bon film. Des personnages insupportables, un scénario bâclé, bourré d'incohérences et une réalisation pas au niveau de celle du...

le 14 janv. 2022

1 j'aime

1

Le Cercle des poètes disparus
droitquentin_gmail_c
6

Ô Captain, my Captain !

Je reconnais que le titre de cette critique est assez convenu, mais que voulez-vous, s'il y a bien une scène qui m'a marqué dans ce film c'est la scène finale. Normal, me direz vous. Oui, normal,...

le 7 mars 2021

1 j'aime