Alfonso Cuarón prend alors la direction d'Harry Potter. Et cela change évidemment tout. Après un second opus quelque peu poussif qui avait été un peu un coup pour rien car c'était deux heures pour nous introduire Tom Jédusor.
Après deux ans d'absence, Harry Potter revenait, plus grand, plus adulte, plus mature, Radcliffe avait pris de la taille, la franchise entière avait pris de la gueule. Le principale artisan de cette mutation c'est bien sur Alfonso Cuarón. On sent qu'il y a un passage vers l'âge adulte, tout le monde à grandit et la franchise suit le mouvement, s'assombrit, gagne en violence et dureté.
Car ce Prisonnier d'Azkaban introduit plusieurs choses nouvelles : c'est un vrai film, Cuarón pose un œil sur l’œuvre et lui donne vie à sa manière. A la grande différence de Columbus qui jusque là ne faisait que retranscrire. Ensuite, c'est un épisode beaucoup plus sombre, très noir, l'esthétique est absolument magnifique par moment. C'est le premier HP où l'on prend une petite claque visuelle. Cet épisode a un cachet particulier qui le rend assez unique. On se demande d'ailleurs pourquoi Cuarón n'en a pas réalisé d'autres tellement cet opus est bon. La réalisation est vraiment excellente, les plans sont longs, travaillés et très visuels.
Cuarón met un point d'honneur à réintégrer la magie et la sorcellerie dans l'univers d'Harry Potter qui jusque là ne se trouvaient qu'aux frontières de la saga. Elles prennent dans cet opus une place bien plus importante pour notre plus grand plaisir. Il permet d'intégrer aussi de nouveaux personnages et de petit à petit mettre en place la montée en puissance de Voldemort et de sa fine équipe ainsi que la confrontation qui va suivre. C'est aussi l'intrigue qui pour moi à un vrai intérêt car beaucoup de choses prennent forme : le passé de Harry, Sirius Black, Remus Lupin, tout ce cercle autour d'Harry prend véritablement forme ici. Le film est en plus très bien construit autour de l'ambiguïté du personnage de Sirius Black (très bien interprété par Gary Oldman).
Clairement Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban est le meilleur ambassadeur de la franchise, celui dans lequel l'univers HP se ressent avec le plus de force et de puissance.
On aurait aimé qu'ils soient tous comme celui-là, tous aussi travaillé, aussi esthétiques et réalisés avec tant de richesse. Cuarón a véritablement fait muter cette saga qui après lui n'aura fait que suivre son virage sombre et plein de sorcellerie. Mais malheureusement, le maitre n'était ensuite plus de la partie. C'est l'opus de la quintessence d'Harry Potter !