[Marathon Harry Potter au cinéma de Rennes - 3/8]
Rien de mieux qu'un marathon pour faire le tour d'une des plus grandes sagas du cinéma, nous ayant abreuvé de films pendant une décennie entière. Chaque critique sera portée par une réplique du fantastique Dumbledore, l'un des personnages les plus charismatique de la saga.
Quand nous rêvons, nous entrons dans un monde qui n'appartient qu'à
nous. Laissons-le nager dans l'océan le plus profond ou planer
au-dessus des nuages les plus hauts.
Rendre le film magique plutôt que de représenter la magie
Pour moi, Alfonso Cuarón est le réalisateur ayant le mieux compris l'univers d'Harry Potter au cinéma et comment le représenter. Cet épisode est celui du changement, dans le bon sens, apportant de la maturité, un bon nombre de nouveautés très rafraîchissantes, tout en conservant la cohérence des débuts proposés par Chris Columbus.
Mais entrons dans le vif du sujet. Ce film respire la magie. Il ne fait pas que la représenter, il la fait vivre. Tout a été soigneusement étudié, et utilise un language cinématographique efficace et bien plus charmant que les plans plus immobiles du précédent réalisateur, où les environments sont trop rarement mis en valeur. Beaucoup de codes ont été remaniés pour rendre la magie plus simple (il n'est plus nécessaire de lancer un sort en parlant, le sol cogneur est plus éloigné et vivant, les tableaux sont mis en valeur...) et tout cela est très rafraîchissant, déchargeant la magie d'une complexité inutile pour laisser respirer le film avec de la magie tout simplement... visuelle.
Ces efforts pour laisser plus de places à la magie "visuelle" se retranscrivent dans toutes les situations du film: comme par exemple au travers des Détraqueurs (dont le visuel est furieusement réussi!) et qui apportent le froid et fanent les endroits où ils passent. Clair et magique, on comprend leur rôle et leur pouvoir avant même que cela ne soit expliqué plus en détails.
Une musique remaniée, tournée vers l'émotion
La musique est également beaucoup plus intéressante dans cet épisode. Déjà, elle est souvent montrée, donc présente pour les personnages aussi, traduisant immédiatement plus d'émotions à l'écran. Je pense ici au vinyle de Lupin pendant la scène de l'épouvantard, mais également à la chorale, entraînant le spectateur dans une nouvelle année à Poudlard de manière très énergique grâce à un travelling avant sur la chorale laissant place à Dumbledore et son habituel discours de bienvenue. Ici le personnage devient plus prestigieux, grâce au promontoire. Enfin, la musique nous entraîne dans l'émotion en même temps que l'incroyable réplique du professeur:
Mais vous savez, on peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres... Il suffit de se souvenir, d'allumer la lumière.
Enfin, lors de scènes plus confidentielles, avec Lupin, la variation du thème classique d'Harry potter vers des musiques plus celtiques remplira parfaitement son rôle. Oui, même l'utilisation de la musique est différente et apporte beaucoup au film, surtout une poésie qui ne sera jamais égalé à l'avenir.
Une caméra montée sur balais volant
Le relatif immobilisme des épisodes précédents laisse place à une caméra osant beaucoup de nouvelle choses. bien sûr, il y a beaucoup plus de mouvements dans la caméra, suivant de plus près les personnages, laissant plus de marge de manœuvres (en terme de jeu et d'émotion) aux acteurs talentueux de la saga. La scène (magique une fois de plus) du Magicobus s'étirant pour passer entre deux bus impériaux, me surprend toujours par son inventivité visuelle pourtant toute simple. Quelle efficacité une fois de plus pour représenter la magie d'une manière nouvelle et claire.
N'oublions pas l’apparition de plus de plongé / contre-plongé donnant un poids différents aux personnages en fonction des contextes. Dumbledore souvent filmé en contre-plongé gagne en grandeur et impressionne réellement l’œil. Sirius serait à l'inverse souvent "enfermé" dans le cadre rappel de sa condition de prisonnier.
Il y a également de vrais moments de silence, trop rare dans les blockbusters habituels, pour ne pas être remarqués. Les dialogues avec Lupin sont exemplaires sur ce point. Les personnages prennent leur temps pour parler, se mettent dos à la caméra et brisent agréablement la règle des 180° pour se déplacer dans le cadre en changeant le moins possible de plans.
Enfin, les transitions sont bien plus travaillés, mettant souvent en valeur l'architecture fabuleuse de Poudlard. Je pense ici à la sortie de la salle de divination par les grands escaliers, filmés du dessus et coupant en une transition fondue noire par le milieu. Beau et efficace. Le zoom dans l’œil de Lupin reflétant la pleine Lune est diablement utile, transition amorçant une transition également physique du personnage. Également, il y a ces passages dans les rouages du temps, qui me laissent pantois à chaque fois, transition illustrant parfaitement le concept central du film; le voyage dans le temps.
Magical good movie
Les répliques de ce film sont simples et pourtant me font toujours éprouver une nostalgie positive. Entre Dumbledore, Lupin et Rogue, la qualité du texte et des voix françaises donnent un panel riche de répliques poétiques cultes, sublimés par une musique de qualité.
Je ressors souvent d'un visionnage de ce Harry Potter 3 encore plus amoureux de ce film que je l'étais avant. J'y découvre toujours de nouvelles perles d'inventivité (sur tous les plans!) que je n'avais pas vu auparavant. Ce film ne lasse pas et un cadeau bien rare dans une "industrie" du cinéma. Blockbuster intelligent et riche d'images de qualité, je remercie à jamais Alfonso Cuarón, de m'avoir offert un tel film. Seul tristesse? Les suites décevantes en comparaison.
9/10 et coup de cœur à jamais, en compagnie du professeur Lupin <3