Certainement éreinté après les tournages consécutifs des deux premiers films Harry Potter, Chris Columbus ne fit pas la passe de trois pour se consacrer davantage à sa famille… et nul besoin de lui en tenir rigueur !


Certes, les succès financiers de sa double incursion dans l’univers du sorcier balafré auraient pu légitimer sa présence renouvelée aux commandes, mais à y regarder de plus près le cinéaste américain était bien loin de tenir d’une main de maître un tel projet : en fait, sa maigre influence était même symptomatique des limites affichées par cet Harry Potter version grand écran, celui-ci souffrant d’une approche visuelle quelque peu figée, sans âme propre, ce qui avait notamment pour effet d’exacerber la sensation de chapitrage, pour sa part inhérente à des adaptations bien trop sages.


Bref, c’est ainsi que débarqua un certain Alfonso Cuarón (et non pas Kenneth Branagh, ouf), alors à l’orée de sa gloire (avec l’exceptionnel Children of Men, puis la claque Gravity) mais adoubé par J.K. Rowling herself, et que dire que ce choix fut en l’espèce judicieux : Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban supplante en ce sens ses prédécesseurs avec la manière, fort d’une approche formelle influençant positivement la narration et, par extension, l’immersion du spectateur.


Au conventionnalisme criant de Columbus succède donc une mise en scène plus libre comme inspirée du fameux mexicain, celui-ci incorporant ci et là de courts plans séquences venant dynamiser un cheminement de coutume monotone, tandis que l’apparition de nouveaux décors confortent dans cet ordre d’idée un background graphique davantage imagé ; et si Cuarón se pose ainsi comme le grand artisan de ce second souffle salvateur, la partition aux petits oignons de John Williams fait aussi état d’un renouveau des plus appréciables, de quoi parachever la réussite purement formelle du long-métrage.


Et, comme avancé plus tôt, ceci affecte le dynamisme même des événements en permettant au Prisonnier d’Azkaban de se défaire, en partie du moins, de cette sensation prédominante d’homogénéité au sein des premiers films : certes, le découpage est encore palpable (les ellipses temporelles demeurent un mal pour un bien), mais on ressent bien moins les ficelles de l’adaptation au gré d’une trame plus fluide, fort de transitions bien moins paresseuses et d’une ambiance plus prenante que d’ordinaire !


À côté de cela, sans revenir sur les bienfaits d’un casting encore et toujours irréprochable (Michael Gambon remplace avec efficience le regretté Richard Harris), l’intrigue du bouquin fait office de cerise sur le gâteau : Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban étant de fait l’un des tous meilleurs volet de la célèbre saga littéraire, son adaptation cinématographique lui emboîte le pas en mettant en scène une histoire des plus captivantes, nullement avare en révélations de tous poils et autres nouveaux protagonistes fondamentaux.


En résumé, Alfonso Cuarón aura donné un coup de fouet bienvenu aux aventures d’Harry Potter et consorts, celui-ci étant parvenu à marier bien mieux que Columbus le souci d’une adaptation relativement fidèle à une mise en forme non étriquée… si l’ensemble ne demeure naturellement pas parfait, le résultat est donc des plus louables.

NiERONiMO
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le 9 avr. 2016

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