The happy man, the pooka and the psychiatrist

Parfois on a tellement de respect, tellement d'émotions pour une oeuvre qu'on va la brandir tel le Saint Graal, battre la campagne, le tambour de guerre et tout opposant pour mieux répandre l'allègre prestance victorieuse aux alentours.

Mais parfois, on est tellement ému que les yeux brillants, c'est le regard doux et le sourire éclatant qu'on se contentera de se balader dans les ruelles en contemplant comme pour la première fois de notre vie ces passants qu'au fond de nous même on aimerait appeler "frères". Et à un moment où le besoin s'en fera sentir ou que tu penses qu'une personne est dans la disposition nécessaire, tu iras la voir, tu mettras ta main sur son épaule et l'amènera vers un salon chaud, un canapé et ce moment de pureté.

Harvey fait partie de la seconde catégorie.

James Stewart, peut-être plus éclatant encore que dans It's a wonderful life ou Mr.Smith goes to Washington, joue le rôle d'Elwood, un quarantenaire affable, intelligent, attentionné qui affectionne une vie de plaisirs simples comme saluer les gens dans la rue ou boire un verre dans un bar chaleureux ou faire plaisir à sa soeur ou sa nièce. Cependant la dite soeur et la dite nièce vivent en recluses dans leur belle maison qu'elles partagent avec lui, évitant les diners et les visites de peur justement qu'on aperçoive Elwood mais surtout sa lubie : il se croit accompagné d'un lapin géant, parlant de 2,3m se nommant Harvey !

Après un rendez vous mondain gâché par l'imposant ami imaginaire de monsieur, elles décident que cela ne peut plus durer et qu'il est temps d'interner ce charmant et innocent dérangé qui a choisit de croire de toute la puissance de son être, à travers une confondante candeur, à la bonté de l'âme humaine.

Harvey est donc au départ une pièce de théâtre, récompensée par un Pulitzer soit dit en passant, est cela se voit partout dans le film : les tendances à conserver l'action dans un nombre de lieux restreints, le nombre réduits de personnages, l'alternance absolument délicieuses de scènes types vaudevilles et de scènes qui feraient pleurer un croque-mort violoniste aveugle et ces acteurs qui tendent parfois vers un sur-jeu léger propre au théâtre qui ne peut que nous ravir d'autant plus.

Harvey c'est donc le charme des répliques rédigées avec talents dans un rythme parfait, c'est un dialogue avec le spectateur qui se voit questionné avec ferveur et douceur sur la vie, la manière dont nous la savourons, sur l'homme, la petite touche de folie et de bonheur, sur les apriori, les évidences qui nous entourent, c'est aussi rêveur comme une après-midi sous un vieil arbre imposant à regarder le ciel bleu et les formes cotonneuses, c'est enfin un équilibre précaire puisqu'un peu artificiel mais délicieux entre ce qui apparait comme de la facilité et ce qui présenté avec moins de talent aurait pu être de la lourdeur ...

Je n'ai pas envie de vous dire que vous aimerez, j'ai juste envie de vous envoyer une dose de sympathie à distance, je ne veux pas que vous vous pressiez, j'aimerai que vous savouriez et ainsi peut-être qu'on commencera tous à comprendre qu'on a pas besoin forcement de courir après le lapin blanc pour tomber au pays des merveilles ...

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Sachez que ce paragraphe me coûte (beaucoup) mais qu'il est nécessaire qu'une dernière fois je vous prévienne, n'ayez pas trop d'attentes, ça se déguste avec délicatesse comme un dessert sucré aux épaisseurs mystérieuses et riches, frais mais travaillé : beaucoup d'amour dans la préparation et cela se voit à chaque instant. Il serait donc honteux de ne pas manger votre part jusqu'au bout, vous ne pourriez qu'être excusé alors par un mauvais foie qui vaudra toujours mieux que votre mauvaise foi.
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le 24 juil. 2012

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le 24 juil. 2012

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