Hatari ! par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Cette fois-ci je vais vous emmener dans l'un des royaumes des bêtes sauvages en Afrique de l'Est, plus exactement au Tanganika. Au milieu des plaines désertiques un groupe de personnes travaille dans une réserve avec pour mission de capturer des animaux sauvages commandés par divers parcs zoologiques. Le chef de ce groupe se nomme Sean Mercer, c'est un homme brave, courageux, plein d'initiatives mais bourru au possible. Il est entouré de chasseurs d'horizons très divers, de caractères différents mais tous amoureux de leur métier. Une autre occupation va alors faire tourner la tête de ces messieurs: le jour où Dallas, une jeune et belle photographe débarque dans ces lieux et va troubler la vie bien organisée de la communauté. La situation va devenir bien plus périlleuse lorsque Dallas aura le désir de voir les animaux sauvages de plus près en participant aux expéditions.

Les véhicules bardés de pneus de protection sont prêts à embarquer l'équipe de la réserve pour aller capturer girafes, rhinocéros et autres bêtes parfois récalcitrantes à se laisser attraper par ces chasseurs munis de perches, d'arceaux, de filets et de cordes. La lutte est rude pour parvenir à gagner sa vie. Heureusement les membres de l'équipe sont soudés et Sean le patron, pas toujours souriant, contrôle la situation sans problème. Pourtant lorsque Dallas la photographe, avide de sensations, débarque sur les lieux, on sent passer un certain trouble au sein du petit groupe. Aussi jolie qu'insouciante elle se lance à la découverte de cette faune en compagnie de ces messieurs lors de chasses parfois mouvementées.
Il n'y a d'ailleurs pas que les chasses qui sont mouvementées, il y a les relations de Dallas avec ces hommes peu habitués à héberger de la gente féminine. Sam est dur au mal, parfois dur aussi avec les autres mais sous son air de baroudeur pas commode se cache beaucoup d'humanité, en tout cas assez d'humanité pour s'intéresser à Dallas qui elle-même n'est pas insensible à cet homme solitaire hors périodes de chasse. Dallas n'est pas non plus insensible aux animaux et notamment aux bébés éléphants qui poseront bien des problèmes à tout le monde. Ainsi va la vie de cette communauté qui ne connaît jamais la routine, prête à affronter certains animaux imprévisibles souvent au péril de leur vie.

Ne vous attendez surtout pas à une intrigue haletante avant de regarder ce qu'Howard Hawks a filmé avec une grande maestria: ce moment de vie commune dans cette réserve d'amoureux des animaux qu'ils capturent tout en leur portant un immense respect. L'équipe est composée de personnalités toutes différentes les unes des autres et pourtant une grande solidarité règne. John Wayne (Sean Mercer) est bien sûr un responsable chevronné aussi dur d'aspect que sensible et humain. Le merveilleux et imprévisible Gérard Blain (Charles 'Chips' Maurey ) qui paradoxalement a peur des animaux, anime l'équipe d'une façon parfois très particulière. Vous retrouverez aussi Hardy Krüger (Kurt Muller) le sage de la bande. Notons également Red Buttons (Pokets) et Bruce Cabot (dit l'Indien), le plus chevronné et le plus malchanceux de l'équipe. Comme il fallait bien un peu de piment et de charme dans cette œuvre, voici la très séduisante et très fantasque Elsa Martinelli dans le rôle de Dallas, très mutine, parfois naïve et finalement amoureuse mais aussi collectionneuse involontaire d'éléphanteaux qui seront les héros d'une course poursuite assez mémorable. Si l'on ajoute la musique fort bien appropriée d'Henry Mancini, vous ne devriez pas vous ennuyer un instant dans cet univers concocté par le grand Howard Hawks et son excellent directeur de la photographie Russel Harlan. Vous allez arpenter ces grands espaces, voir les animaux filmés de très près, assister à des luttes parfois sans merci.

Voici une aventure qui va vous détendre, vous faire rêver. Vous n'aurez qu'à vous laisser séduire par les images magnifiques, les aventures parfois compliquées. Incrustez-vous dans cette réserve au milieu de cette convivialité: bêtes sauvages et humains. J'ai passé un excellent moment alors j'en souhaite autant aux adultes comme aux enfants qui suivront mon conseil.