Il faut croire que Howard Hawks a inventé Instagram 50 ans avant son apparition.
Film très étrange dans son genre, à mi-chemin entre le documentaire animalier et les feuilletons à l'eau de rose, Hatari ne s'embête pas un instant du scénario.
On a affaire à un groupe d'occidentaux qui ont pour profession la capture d'animaux sauvages afin de les fournir à des zoos. L'avantage d'exercer ce genre d'activités en 1962, c'est qu'on n'a pas les défenseurs des animaux sur le dos et que les zoos ont encore les moyens d'acheter des bêtes exotiques.
C'est d'ailleurs le moyen de découvrir les méthodes assez basiques de capture de bipèdes et quadripèdes pourtant assez rapides et puissants. On passe de la poursuite (très bien filmée par ailleurs) de girafes en pick-up à la mode Mad Max avec des cannes à pêche améliorées, le lancer de lasso sur zèbres, ou encore la capture de guépards par appât.
Evidemment, la capture d'animaux exotiques est un activité assez dangereuse. Les accidents sont fréquents et les assureurs ne se bousculent pas pour vous avoir parmi leurs clients. Il n'est pas rare de finir une expédition avec un bras cassé, une voiture renversée ou des écorchures.
Heureusement, tout ce joli petit monde peut se reposer le soir en picolant, dansant, fleurtant et déblattant des blagues assez pourries. C'est d'ailleurs bien là le problème de ce film. En faisant un mélange entre les documentaires animaliers de l'après-midi d'Arte et les Feux de l'amour, on se retrouve face à un spectacle très bizarre (quoique finalement assez réaliste si j'en crois ce que je vois en 2020 sur mon fil Instragram).
Pour vous faire une idée rapide du niveau de romantisme dans ce film, on parle ici quand même de John Wayne âgé de 55 ans qui se retrouve avec Elsa Martinelli (27 ans) dans son lit, sans avoir rien demandé...
Il reste qu'en faisant abstraction de la niaiserie des dialogues et de la nullité des blagues déblatérées, Howard Hawks nous fait voyager. La faune et les paysages de Tanzanie se suffisent à eux-mêmes.
Il n'y avait certainement pas besoin de faire durer le plaisir pendant 2h30 mais il reste qu'en s'adressant à nos rêves d'enfant, Howard Hawks ne nous ennuie pas (et c'est déjà pas mal pour un film de divertissement).
Espérons tout de même qu'on ne voit pas un tel film de sitôt. J'ai beau ne pas être un fervent défenseur de la cause animale, voir un éléphant se faire réellement tirer dessus par John Wayne pour un film aussi médiocre, ça me semble tout à fait évitable.