J’ai pris connaissance avec une relative surprise des notes relativement moyennes attribuées à ce film auquel je donne personnellement un bon 8 sur 10 sans hésiter, et cela pour diverses raisons. Je passe rapidement sur une remarque faite au sujet de la démarche « badass » peu crédible du personnage : quand on connaît l’âge du personnage interprété par Henry Rollins, on comprend facilement que sa démarche claudicante n’a rien à voir avec l’envie de se donner un style « badass » et tout à voir avec des épreuves qui l’ont légèrement esquinté durant les quelques millénaires qu’il a traversés… Ce léger détail mis de côté, l’aspect inclassable de ce film fait tout son charme. Tout à la fois polar et film fantastique, avec une pincée de gore et une large rasade d’humour noir, ce film est tout simplement jubilatoire. Son rythme globalement lent est ponctué de quelques scènes d’action (certaines seulement suggérées) dont la brièveté met avant tout en évidence l’inutilité qu’il y a à s’opposer à un tel personnage. Une fois que l’on a vu les deux premières, l’issue de toutes les autres est presque connue d’avance…ce qui n’empêche pas d’apprécier leur côté presque comique. Tout aussi comique est le côté « autiste » du personnage principal dont les réponses aux questions sont celles de quelqu’un qui répond la plupart du temps au premier degré…en-dehors de la scène (ponctuée d’hilarants « for a while ») où il détaille les métiers qu’il a exercés. Je dois aussi faire part de mon étonnement au sujet de certains commentaires mitigés sur la prestation d’Henri Rollins : je ne connaissais absolument pas cet acteur (qui apparemment se double aussi d’un chanteur aux prestations scéniques redoutables) et…il est absolument parfait dans ce rôle. Las, désabusé, cherchant une sorte de rédemption qu’il sait impossible (ce que l’on ne comprend qu’à la fin) et souhaitant en finir avec une immortalité qui est sans doute la raison qui le pousse à passer le plus clair de son temps à dormir. L’irruption, assez tôt dans le film, d’une progéniture inattendue, n’est qu’un prétexte pour nous révéler tout ce qui hante ce personnage, fondamentalement horrible mais pour lequel on finit par éprouver de la compassion. Au bout du compte, un film que je reverrais volontiers pour le plaisir d’y découvrir encore quelques subtilités, car il en contient davantage que ce que la première vision laisse voir. Pas un chef-d’œuvre, mais suffisamment original et décalé pour se démarquer d’une grande majorité de productions actuelles.