Raid is dead

On n’en trouve pas assez, des films d'arts martiaux bien chorégraphiés et d'une violence extrême comme The raid. Je me le suis revu l'autre jour pour m'apaiser ; je ne sais plus si c'était avant ou après être tombé sur la bande-annonce d'Headshot, le nouveau film avec Iko Uwais, qui en tout cas faisait bien envie. Ça semblait être un bon substitut en attendant un The raid 3 dont on n'a toujours pas de nouvelles ; à force de checker la fiche sur SensCritique sur Headshot, je me suis aperçu qu'il était dans la liste des films projetés à l'Etrange festival. Je m'y suis déjà fait 4 projections, mais je n'étais pas au courant pour celle-là.
Heureusement, il n'était pas trop tard : je me suis aperçu il y a 3 jours qu'il y avait une projection hier soir.

Headshot semble vraiment fait pour les gens comme moi, les spectateurs chez qui The raid a laissé un manque, et les cinéastes n’ont pas l’air de s’en cacher : après The night comes for us, projet qui a échoué et qui devait être produit par la boîte de Gareth Evans et compter plusieurs acteurs de The raid 1 et 2, on retrouve encore Iko Uwais, Tri Yulisman et Julie Estelle dans Headshot.
Et c’est pas moi qui vais me plaindre que des cinéastes cherchent à suivre l’exemple.
La veille, en allant voir The neighbor, j’avais attendu tout le film que le sang coule enfin ; dans Headshot, comme l’a fait remarquer le présentateur, il faut attendre aussi… mais environ 1 minute.
Un bon gros coup de violence, juste pour donner un avant-goût et faire patienter le spectateur, car Headshot développe tout de même son histoire ensuite.
Le héros s’échoue sur une plage, amnésique, avec une cicatrice à la tête. Dans des épisodes de Tom & Jerry, un coup de massue suffisait à retirer ou rendre la mémoire à quelqu’un ; dans Headshot, c’est un peu pareil, un coup à la tête déclenche chez le personnage principal des réflexes à la Jason Bourne. Sauf que ça ne s’appuie pas sur les compétences d’Iko Uwais, mais sur des ralentis et de cuts qui montrent comme le personnage peut saisir des objets à une vitesse inouïe.
Autrefois une machine à tuer, le héros, surnommé Ishmael à défaut de connaître son vrai nom, trouve dans sa nouvelle vie une chance de rédemption. Il est recueilli à l’hôpital par une femme médecin, qui prend soin de lui et dort même son chevet. Sans raison. A moins qu’elle fasse ça avec tous ses patients, mais j’en doute.
Ironiquement, pour un film aussi brutal, l’intrigue est très niaise (la conclusion atteint des sommets et a suscité des rires dans la salle). Ca a d’autant plus de mal à passer que la relation entre le héros et sa bienfaitrice est clairement forcée, et se base sur pratiquement rien, même s’il y a une très bonne idée de mise en scène qui renforce la relation entre eux, à la toute fin du film.
Ce qu’on découvre ensuite sur le passé d’Ishmael reste très classique, l’histoire n’est pas terrible et on sacrifie l’action pour ça ? Je préfère une histoire très simple, mais sans défauts, qu’un scénario davantage –mais mal– développé.

Même lors des séquences de combats, il y a un manque de logique : le méchant qui s’arrête quelques secondes pour dire "pas mal !", histoire qu’on ait le temps de lui tirer dessus ; les victimes qui ne se planquent même pas, sauf pour la copine du héros, …
(Sinon, je n’ai pas compris pourquoi les personnages alternaient entre l’Anglais et l’Indonésien, sans changer d’interlocuteur…)
J’ai trouvé également que les réalisateurs n’ont pas vraiment réfléchi à l’emploi de la violence. Il y a une complaisance un peu malsaine dans le massacre d’innocents, dont la mort est filmé de la même façon que pour les criminels ou les flics : le sang jaillit abondamment, sauf que là ça n’a rien de fun. Les méchants tuent les leur pour un rien ; ça passe quand c’est fait à des fins comiques (cf le Joker dans le Batman de Burton), mais Headshot se prend très au sérieux du coup c’est n’importe quoi.
A part ça, le film fournit quand même ce qu’on en attend : des combats assez bien chorégraphiés, et d’une sauvagerie défoulante. Ce que c’est réjouissant de voir les bras et les jambes se briser, les os craquer, des objets divers s’enfoncer dans la chair et les gueules se faire littéralement éclater.
Il y a un usage pas mal des décors et des accessoires, comme dans ces bons vieux Jackie Chan, et même une petite dose d’humour (noir, forcément).
En étant un peu exigeant, il faut quand même faire remarquer, que les effets de style nuisent souvent à la lisibilité des combats, ou masquent volontairement certains éléments. Lors des combats en groupe, la caméra tournoie autour des adversaires, mais toujours de sorte à en laisser dans le hors-champ, qu’on ne remarque pas trop qu’ils attendent leur tour pour attaquer.
Force est de constater que les deux réalisateurs adorent les plans au ralentis sur un combattant qui crache du sang, car il y en a pleins comme ça ; un effet classique, qui se veut "cool".
Un autre reproche que je fais aux combats, c’est que lorsque l’action ne prend pas fin rapidement, elle est ponctuée de pauses qui cassent le rythme.
Les affrontements se font heureusement plus nombreux, plus violents, et mieux rythmés vers la fin, lorsqu’Ishmael ne fait plus qu’aller d’un ennemi à un autre jusqu’au boss final. Et incidemment, les bribes de scénario disparaissent presque complètement.

En tant que thriller, en tant qu’histoire de rédemption, Headshot n’est pas terrible… en revanche, si vous voulez de l’ultra-violence, ça vaut quand même le coup d’être vu.