Sous la forme d'un journal filmique porté par sa voix merveilleuse, l'artiste américaine se livre à un subtil travail mémoriel et introspectif qui a l'élégance et la profonde générosité de n'être jamais narcissique. En parlant de sa chienne Lolabelle, évoquant sa propre compréhension de la vie, de la mort et de l'amour, ne révolutionnant rien mais disant simplement les choses, Laurie Anderson atteint l'universel. Proposant un travail visuel et sonore admirablement maîtrisé, elle évite les écueils du genre en donnant le sentiment que le film se construit au fil de ses pensées. Souvenirs d'enfance et observations du monde se mêlent à une évocation tendre et drôle de cette chienne disparue, de tous les disparus et, sans le dire, de Lou Reed à qui le film est dédié et dont le titre Turning time around accompagne le générique de fin. C'est beau et bouleversant.