Heartbeat 100 par Supavince
La plupart du temps, il est assez difficile de s’imaginer dans un film occidental une violence décomplexée se fondre dans une comédie bon enfant. A Hong Kong, c’est assez naturel et le mariage des deux fonctionne plutôt bien sans déranger outre mesure. Et c’est d’ailleurs à mon avis ce genre de mélange qui attire quelques tarés comme nous (oui, vous qui lisez ces lignes!), friands de nouveauté, d’adrénaline ou parfois même de cinéma tendant vers la déviance. Dans Heartbeat 100, on ne va pas jusqu’à ce dernier point, bien que Kent Cheng et Lo Gin, tous deux à la co-réalisation de ce métrage, ni vont pas forcément de main morte lorsqu’il est question d’ajouter une pincée de frisson.
Heartbeat 100 est un film qui peut passer assez facilement inaperçu dans la mouvance de l’époque. Assez quelconque d’un point de vue scénaristique, il n’en demeure pas moins sympathique à regarder car Heartbeat 100 est subtilement monté et assez déconcertant pour un thriller tendant vers la comédie. La preuve en est avec la scène introductive où l’on assiste à une scène de sexe pour le moins violente qui ne nous indique pas du tout que l’on s’apprête à rire pendant le film. C’est pourtant le cas moins de 30 secondes après cette scène. La partie comédie est assez potache, quelques gags font mouche et les scènes d’action tranchent (c’est le cas de le dire…) radicalement avec la légèreté et la naïveté servies en parallèle.
Ce décalage instauré n’est pas surprenant quand on connaît la filmographie de Kent Cheng, qui a oscillé tout au long de sa carrière d’acteur aussi bien dans des comédies que dans des films d’exploitation au label catégorie3. De part ces multiples inspirations, l’ambiance n’en est que d’autant plus bonne. La musique bien que la plupart du temps au synthé, colle parfaitement à chaque moment du film et contribue à nous mettre sous pression lorsque le moment s’en fait sentir. On peut également parler de la photo qui est plutôt bonne, surtout lors des scènes nocturnes.
Enfin, les acteurs sont tous plus ou moins au diapason. La légèreté et la naïveté que je décrivais quelques lignes plus haut sont parfaitement mises en scène par Maggie Cheung avec sa bouille de pouponne ou encore Lui Fong, acteur de poche ayant œuvré principalement à la fin des années 80. Mark Cheng, dans la peau d’un inspecteur de police joue les beaux gosses et mène l’enquête, Wu Fung joue l’homme mystérieux que tout le monde soupçonne et Lam Chung le policer véreux. Mais pour moi, la palme du meilleur acteur de Heartbeat 100 pourrait revenir à Wong Ching, acteur méconnu mais au combien excellent, et surtout connu par les amateurs du cinéma hongkongais pour son physique un peu disgracieux et son sourire assez incroyable! Une mention spéciale également pour la bande de loubards du village, tous quelque peu frappés!
Au final, on se retrouve avec un film très plaisant ne se prenant pas la tête. Ça pioche des idées à droite à gauche, ça ne révolutionne rien côté scénario mais Heartbeat 100 donne son lot de palpitations et remplie correctement son contrat de film divertissant en sachant surprendre par les nombreux décalages de tons qu’il comprend. Un pur produit Made in HK.