Les ravages de la guerre

Durant plusieurs années, alors que la guerre du Vietnam n'était pas encore terminée, Peter Davis va interviewer aussi bien des personnalités françaises qu'américaines, en passant par des vietnamiens, afin d'expliquer l'inutilité de cette guerre et les conséquences sur leurs vies.

Sans l'Oscar qui lui était décerné l'année suivante, je n'aurais jamais entendu parler de ce documentaire fort réputé à son époque, car il ne parle pas bêtement des vietnamiens comme des ennemis et les américains comme les gentils. Or, comme on dit dans La grande illusion, ce qui est terrible c'est tout le monde a ses raisons, et c'est abondement illustré d'archives, dont certaines très dures, où on voit des morts à bout portant, des populations se faire bombarder au napalm, ou alors cette vidéo célèbre où la petite Kim Phuc Phan Thi court entièrement nue, le dos brûlé par le feu des bombes. Il y a quelque chose de tragique dans cette guerre, qui a marqué au fer rouge la vie des américains de cette époque, à travers ici le regard de soldats revenus du front, ou alors ces parents qui parlent de leurs fils mort au combat, et qui semblent détruits de l'intérieur.

J'avoue que la vision du documentaire est parfois difficile, aussi bien dans la quantité des personnes interrogées que dans la profusion des documents, mais le tout est montré de manière sobre, avec très peu de musique, et un dernier plan horrible où on voit une fosse commune vietnamienne où on voit des dizaines de trous prêts à accueillir sans doute des enfants sans nom. A noter que le film a été produit par un certain Bert Schneider, qui fut l'une des chevilles ouvrières du Nouvel Hollywood, et quelque part, Hearts and Minds, fait partie de cette lignée de films dits subversifs, frontaux, difficiles, mais nécessaires pour l'éveil des consciences.

C'est clairement dans la lignée de la série Vietnam, diffusée à la fin des années 2010, et qui racontait la guerre du côté des soldats et des civils des deux camps.