Vers l'adolescence
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On aimerait tellement avoir plus de nouvelles de ce pays magnifique qu’est l’Islande par le biais du septième art tant les paysages de cette contrée lointaine sont subjuguant de beauté et apportent forcément une valeur ajoutée à chaque production qui s’y déroule. Et sans tomber dans le contemplatif ennuyant, « Heartstone, un été islandais » nous offre des images littéralement incroyables de ces paysages du bout du monde et en optimise les contours à chaque séquence. Mais dommage que ce film souffre d’un énorme défaut qui l’empêche d’accéder au statut d’excellence auquel il aurait pu sans mal accéder : sa longueur. Pas qu’il n’y ait pas de rythme, mais le long-métrage de Gudmundsson pourrait être aisément raccourci d’une demi-heure, notamment dans la seconde partie qui se traîne. Egalement, il y manque d’une bande originale plus présente. En effet, davantage de musique, si elle est bien choisie, aurait rendu le film encore plus envoûtant et hypnotique.
Il n’y a pas vraiment d’histoire dans cette œuvre au plus près de ses personnages. On vogue en plein dans la chronique adolescente, sujet maintes fois rebattu par de nombreux films de tous bords. Une bande de jeunes ados apprennent la vie et découvrent les premiers émois amoureux avant de passer à l’âge adulte. Mais le regard porté ici est d’une justesse inouïe, d’un réalisme incroyable que permet une bande de jeunes acteurs tous impeccables. On est loin de ceux dépravés montrés par Larry Clark mais davantage dans le genre de ceux imaginés par la Sofia Coppola de « Virgin Suicides » ou d’un Gus van Sant en mode sage. On a souvent l’impression de retrouver des moments de notre propre jeunesse tellement c’est croqué avec acuité et savoir-faire. Des rapports aux parents souvent absents ou déconnectés, en passant par la découverte de son propre corps ou encore de la bêtise inhérente à cet âge difficile, tout est retranscrit avec une perspicacité qui emporte durablement le cœur du spectateur. Les émotions ressenties par ces adolescents trouvent un écho rare en nous. Un petit bijou de clairvoyance entre moments de légèreté et une gravité parfois déchirante.
Aucun des personnages ne rentre dans un cliché et chacun possède ses propres peurs et ses propres désirs. Il y a beaucoup de moments de grâce dans « Heartston, un été islandais », des moments en apesanteur comme volés par la caméra, entre des corps qui se frôlent et des regards qui en disent long. Le cinéaste a su parfaitement s’immerger dans l’inconscient et les tourments adolescents nous faisant revenir des années en arrière, face à notre propre ressenti de cette période charnière de notre vie. La lumière incessante dans laquelle baigne le film ainsi que l’immensité des paysages donnent au long-métrage un aspect parfois mystique et entêtant. Encore une fois, dommage que le montage ait été si généreux et que Gudmundsson n’ait pas su couper dans le flot de séquences à sa disposition. Ou bien peut-être est-ce pour nous faire ressentir encore plus ces atermoiements de la jeunesse ? Un film délicat, juste et beau, du genre qu’on a envie de garder que pour soi mais dont on regrette une durée vraiment trop importante qui n’évite pas la redite et freine notre entrain. Toutefois, c'est une belle et rare découverte.
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le 2 févr. 2018
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