Ermites de Sisyphe.
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le 11 déc. 2023
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Comme le veut la formule consacrée, si jamais j'étais contraint et forcé de me retrouver seul sur une ile déserte avec comme seul plaisir le visionnage de films, si on m'obligeait à prendre un seul polar sans aucun autre choix possible, alors oui ça serait Heat.
L'histoire banale au départ d'un criminel qui veut réaliser un dernier coup avant de se ranger définitivement, poursuivi par un flic qui veut l'en empêcher, prend une ampleur et une dramaturgie inattendue, comme souvent chez Mann. A la fois moderne dans sa réalisation (les scènes d'actions, notamment la fameuse fusillade de la banque, restent toujours autant impressionnantes 20 ans après) et classique dans sa narration, Heat est un film mélancolique, sur l'histoire de personnages qui passent leur temps à courir pour éviter de penser à la mort qui leur tourne autour.
Comme souvent chez Michael Mann, le réalisateur américain met en avant les acteurs, parvient à créer une atmosphère unique qui immédiatement donne de la profondeur aux personnages, parvient à rendre les scènes de couple absolument bouleversantes. Ce qui distingue plus que tout Heat de la mêlée, c'est qu'au fond le film ne prétend pas donner une leçon de vie avec le gentil flic et le méchant gangster, mais ne tombe pas non plus dans l'effet inverse. Si le personnage de Pacino comme De Niro pouvaient être interchangeables, Mann les aime et les sublime à chaque instant. Comme chez Ellroy, sans la dimension mélancolique.
Puis évidemment la rencontre mythique, rêvée de tout cinéphile, à savoir Pacino/De Niro. Certains ont pu regretter le jeu outré de Pacino, performance à réhabiliter puisque les consignes données par Mann au départ était de jouer un flic complètement accroc à la dope (et qui est complètement passé sous silence dans le film). Pourtant, tout cela s'efface comme par enchantement lors de la rencontre entre les deux hommes, chacun se connaissant par coeur, et cette scène du restaurant (Mann a laissé dérouler plus d'une heure le film avant, laissant monter la sauce, preuve de l'intelligence du bonhomme) déroule devant nos yeux une leçon d'acting, entre deux monstres sacrés du cinéma américain.
Les deux hommes ne font qu'un, lors de la dernière scène du film, géniale course poursuite se terminant dans les lumières d'un aéroport. De Niro meurt, Pacino lui prend la main, la musique retentit alors...Qui aurait pu croire un seul instant qu'il s'agirait du dernier moment de grâce de ces deux acteurs, réduits aujourd'hui à jouer dans des films minables des rôles médiocres? En rajoutant sans le savoir une nouvelle pincée de nostalgie 20 après, Heat nous laisse avec ce final sans voix. Et tandis que le générique de fin se déroule, une question subsiste, toujours la même: pourquoi Hollywood n'est-il plus capable de faire des films de cette trempe là?
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