Ermites de Sisyphe.
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Voilà des années que je voulais voir ce film, sur lequel je n'ai entendu que du bien, car "Heat" fait parti de ces œuvres qui semblent faire l'unanimité. Pourquoi ? Grâce à ses deux acteurs principaux connus - à juste raison - pour être parmi les plus grands acteurs du cinéma contemporain ; du réalisateur, lui aussi généralement fort apprécié ; de l'histoire en apparence banale d'un jeu de la chat à la souris entre un flic et un truand ; du décor : Los Angeles, sans doute la ville la plus photogénique, fantasmée.
Oui, mais on peut avoir tout ces éléments et se planter, et bien personnellement, ce n'est Pas le cas pour "Heat", rejoignant toute la horde de critiques positives, même si je ne vais pas crier à la perfection, car ce film n'est pas parfait. Ce que j'ai surtout aimé, ce qui m'a surtout marqué, et ce dont, je trouve, on ne parle pas assez : c'est la musique d'Elliot Goldenthal, assez planante, puissante, lyrique, collant à la perfection à chaque scène qu'elle illustre, au destin des personnages et de la ville, s'accordant avec les fréquents mouvements de caméra en steadycam de Michael Mann.
Renforçant tant le fait que le film se déroule dans une ville : les rues, les avenues, dans les hauteurs de Los Angeles que Mann aime tant filmer qu'il reviendra, de nuit, dans "Collateral".
Le film voit les destins parallèles d'un flic un peu borderline, à la vie privée chaotique incarné par un Al Pacino parfois trop excessif et d'un truand : chef de braqueurs, au caractère plus zen incarné par un De Niro, surprenant, tout en sobriété. De fait, je trouve que le personnage de Pacino, malgré qu'il soit du bon côté de la loi, soit détestable, un peu corrompu sur les bords, invivable, au contraire du perso de de Niro, qui est certes du mauvais côté de la loi, mais fait preuve d'une tendresse, d'une douceur (surtout envers la jeune femme qu'il rencontre), d'une fidélité pour son équipe : c'est un romantique. Et je pense que Mann, aussi à l'écriture du scénario, a volontairement écrit ces personnages ambivalents pour que le spectateur ressente le tiraillement : "ce flic, c'est un flic on doit l'aimer mais il a un caractère de merde et ce truand : il braque, tue des gens mais il est plutôt gentil quand même". Même si chacun dans le final, sera en quelque sorte "puni".
Ces deux personnages et les quelques autres qui les entourent auraient pu être plus travailler encore dans le cadre d'une série télévisée, la durée de 2 h 50 est trop courte pour qu'on les connaisse parfaitement, qu'ils nous apparaissent totalement humains, en chair.
J'ai beaucoup aimé les dialogues, surtout la philosophie du perso de De Niro, lorsqu'on lui demande : "Tu n'a pas de meubles ?", "J'ai pas le temps.", "Tu n'as pas de femmes ?", "J'ai pas le temps.", ça fait réfléchir à la fois sur le matérialisme et sur l'attachement que l'on peut éprouver envers d'autres personnes surtout lorsqu'on est de son côté de la loi.
La fameuse confrontation de six minutes est aussi extrêmement riche philosophiquement.
Pour finir, "Heat" m'a fait penser à la mini-série "Kill Point" (Steve Shill, 2007) où là aussi il s'agit d'une confrontation entre un flic et un truand mais dont le spectateur doit choisir entre l'humanité qui peut se dégager des deux personnages et le côté de la loi dans lequel ils naviguent.
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Créée
le 1 nov. 2021
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