La Quintessence du Thriller mes amis !

Michael Mann, Al Pacino, Robert De Niro, Val Kilmer, 2h50.

Un fourgon blindé attaqué, un policier totalement absorbé par son job part à la traque d'un gang et de la fine équipe de Robert.
Et Michael Mann ne perd pas de temps pour poser le décor, on arrive directement dans le feu de l'action au point de se dire "Du coup on va faire quoi pendant 2h40 ?".

Hé bien MM à tout prévu ne vous en fait pas, après une entrée décapante, il propose un long plat de résistance. Avec des protagonistes qui s'entremêlent sans cesse, qui s'entrecroisent. Il crée une véritable toile d'araignée entre les différents personnages pour nous embarquer dans l'univers de Heat.
Michael Mann fait bien plus qu'un duel entre De Niro et Pacino (tous les deux parfaits), car il s'appuie sur un Val Kilmer excellent et sur des seconds rôles nécessaires, intéressants et bien joués.
Surtout il ne fait pas un Thriller qui tire de partout, Heat oscille entre poursuite, recherche, intime et fusillade esthétique. La fusillade après le braquage est épileptique, bruyante, immersive. L'une des plus belles fusillades à vraie dire. La caméra de Mann est toujours bien placé et le son est assez énorme. C'est bruyant et foutrement jouissif et esthétique tellement elle est réalisée avec brio.
Tout cela imbriqué dans un assemblage de scènes rythmées et lentes qui donnent un véritable souffle au film. Heat est un thriller qui ne souffre d'aucune longueur car tout est prévue pour que le spectateur soit happé. On a véritablement l'impression de connaitre ces deux gars et leurs collègues depuis toujours alors qu'en fait...on ne les connait que depuis 2h à peine et pourtant...le récit intime et la construction des personnages que crée Mann scène après scène est fin et écrit à la plume.
Que dire du final...tout simplement magnifique, à la fois poétique et un poil attendu. Jeu de lumière, de son, de vibration, Mann maitrise complètement son final.

Vous l'aurez compris, Heat ne fait absolument aucune fausse note, tout est là, l'entrée, le plat, le dessert, le vin et la serveuse qui va avec. Rare sont les thriller à atteindre un tel niveau d'esthétique, de tension et d'intimité. Michael Mann crée une nouvelle fois une ambiance tendue, un film avec une réelle identité et un script écrit aux petits oignons. En témoigne les quelques répliques sympathiques et cinglantes que nous offre Pacino et De Niro :
"Je parle dans le vide, je parle tout seul si tu veux savoir parce que y’a un homme mort à l’autre bout du fil, connard !"
"Vous avez le droit de vous envoyer ma femme puisque c'est elle qui vous le demande, vous avez le droit de vous vautrer dans son sofa.... mais en aucun cas.... vous avez le droit de regarder ma putain de télévision !"

Et surtout n'oubliez pas la petite poignée de main à la fin d'un échange musclé, les différents existent, mais il y a toujours quelque chose pour nous rassembler, un jour où l'autre (clin d’œil).