Les solitaires

Les personnages de Michael Mann sont avant tout de grands solitaires qui se définissent davantage par l’action que par les profusions verbales.Une intention toute particulière est alors portée aux scènes d’action car celles-ci, en plus d’être de grands moments de cinéma suspendu dans le temps,  permettent également une caractérisation profonde des personnages.Neil McCauley et sa bande réalisent des « scores », braquages de banque et autre convois de fonds, avec un professionnalisme et une symbiose exemplaire, les actions de chacun étant le prolongement de celle des autres. Seulement voilà, un de leur casse tourne mal lorsqu’ils accueillent dans leur bande un certain Waingro, qui, sans raison aucune, tue l’un des convoyeurs de fonds.Une enquête est alors lancée avec à sa tête le lieutenant Vincent Hanna, image à peine déformée de McCauley. Ces derniers partagent tous deux un dévouement entier à leur profession en même temps qu’une solitude ontologique qui en fait des figures hors de leur temps. On pense à ce plan magistral de McCauley face à sa baie vitrée donnant sur l’étendue de l’Atlantique, une manière de suspendre le temps tout en dévoilant son désir d’ailleurs.Au sein de ce Blockbuster d’auteur magistral qu’est Heat, Michael Mann brosse des portraits d’hommes et de femmes très touchants et justes sur la vie de couple et ce qu’elle implique dans un Los Angeles froid et dévitalisée si caractéristique de la ville moderne.Un film aux grilles de lecture multiples et qui ne cesse de gagner en profondeur avec les décennies qui passent.