Hellboy II: The Golden Army, c’est beaucoup plus qu’un simple blockbuster. C’est cela, mais c’est aussi de la poésie, de la profondeur, de la beauté, de l’imagination et de l’humour. C’est Guillermo del Toro ! Ses films sont des contes, et c'est bien ainsi que cela démarre :
« On raconte qu’à l’aube des temps l’homme, la bête et toutes les créatures magiques vivaient en harmonie sous Aiglin, l’arbre de vie… »
C’est la nostalgie de cette harmonie entre l’humain et les « monstres », qui habite l’œuvre de del Toro. Il aime les monstres et dans Hellboy II: The Golden Army il a pu largement exprimer cet amour. Les créatures en tout genre se comptent par dizaines de dizaines. L’œuvre est davantage marquée par le fantastique que Hellboy, le 1e volet : on y rencontre : des elfes, des gobelins, des trolls, un géant de pierre et toutes sortes de monstres. Le summum en la matière est la séquence qui se déroule dans le marché aux trolls. Ces créatures « difformes » sont belles à voir si on les regarde bien ! Elles sont d’autant plus belles qu’elles respirent l’authenticité. Ce ne sont pas des images de synthèse, mais ce sont des acteurs qui portent des costumes. Ce qui leur donne un air réel.
Parmi les nombreux « monstres » qui apparaissent dans ce film, je ne peux manquer de mentionner les « fées des dents ». Cette scène surréaliste est un clin d’œil appuyé à la séquence du cours donné par Lockart dans Harry Potter and the Chamber of Secrets avec ses « lutins de Cornouailles ». Le thème musical d’Harry Potter est d’ailleurs repris. La scène dégénère de la même manière, mais finit par virer carrément à l’horreur. Il s’avère que les charmantes « fées des dents » ont une affection vorace !
Parmi les scènes pleines de poésie et de tendresse, on peut relever la relation entre Abe et la princesse Nuala ; le sauvetage du bébé au milieu du chaos total occasionné par le « dieu sylvestre ». Ce « dieu » donne lieu, lui aussi, à une scène pleine de poésie dans laquelle le « monstre » est particulièrement magnifié.
Film de monstres, film poétique, Hellboy II: The Golden Army est aussi un film existentiel au cours duquel chacun des personnages principaux est amené à se poser des questions fondamentales et graves : sauver l’un d’entre eux et mettre en danger le reste du monde ? Tuer le « monstre » ? Est-il vraiment un « monstre » ? Ou bien se mettre de son côté plutôt que de celui des hommes qui méprisent et pourchassent les « monstres ». Et c’est le « méchant » qui pose avec insistance ces dernières questions. Ainsi lors de la bataille contre le « dieu sylvestre » tandis que Johann Krauss intime à Hellboy l’ordre de tirer, Nuala lui dit « Regarde-le. C’est le dernier de son espèce » : regarde le, c’est-à-dire regarde-le vraiment sans projeter quoi que ce soit sur lui, regarde-le tel qu’il est ! Plus tard, il lui dira encore : « nous mourons, et le monde va vraiment y perdre ». Il faut entendre del Toro s’exprimer à travers ces appels. Lui qui a dit « sous le costume des monstres, c’est moi! » et c’est nous ! Qui a le droit de vivre et qui n’a pas le droit ? Qui sont les véritables monstres ? Ce sont de vraies questions.
Il y aurait une quantité d’autres points à développer : l’humour qui émaille ce film, la relation de Hellboy et Liz, le complexe de Hellboy par rapport à son identité, la relation entre Hellboy et l’ectoplasme en armure, la prestation de Ron Perlman, le choix des morceaux musicaux …
On ne peut que regretter amèrement la décision de del Toro de ne pas réaliser de 3e volet.
Cette histoire reste malheureusement inachevée… Ce 2e volet comporte en effet de nombreuses pierres d’attente. On a l'impression que del Toro, lui-même, n'a pas écouté l'avertissement de son personnage: « nous mourons, et le monde va vraiment y perdre ».