Quatrième opus de la saga, Hellraiser : Bloodline est une tentative intéressante de renouveler la formule de la saga, puisque ce film pourrait presque s’apparenter à un film à sketch. Voulant offrir au spectateur à la fois des détails sur la fabrication de la première boite et sur la fin des cénobites, le film innove beaucoup dans ses idées, parfois totalement bancales, mais dont le vent d’originalité apporte un nouveau souffle à une saga en perte de vitesse depuis le troisième épisode.


Si le troisième film peinait à offrir de nouvelles idées (une statue chelou et des cénobites un peu abusés), ce nouvel opus donne carrément dans l’inédit, puisqu’il se propose à la fois d’illustrer l’origine des cubes et de donner une conclusion à la saga Hellraiser, chose quand même louable pour une modeste série B de cet acabit. Si de délocaliser l’intrigue dans l’espace pourrait apparaître comme une hérésie, la conclusion de la saga est plutôt intelligente, dans sa manière de lier aux clés que sont les cubes une famille d’artisans qui possède à la fois la technologie du Mal et du Bien permettant d’accéder aux portes de l’enfer d’Hellraiser. Plutôt original donc, et assez amusant dans sa manière de complètement étaler son intrigue dans les siècles, plaçant ses débuts pendant la période de la renaissance française (comme le disent les anglais de Black Death : dès qu’une saloperie nous arrive dessus, c’est qu’elle vient de France) et concluant sa fin sur une plate-forme spatiale conçue spécialement pour l’éradication des démons. Au niveau des effets spéciaux, l’amateur sera servi. On tient là nombre d’effets gores, du classique (chaîne avec crochets) au novateur (le supplice des jumeaux), en passant par quelques maquillages de démons plutôt sympathique (un cerbère assez impressionnant, mais sous-exploité). C’est surtout avec ses fréquents sauts dans le temps que le film devient sympa, puisqu’il se propose de répondre à pas mal de questions. La boîte originale est de fabrication française, commandée par un noble corrompu (qui évoque clairement le marquis de Sade) qui prépare des sacrifices pour invoquer des démons. Le sculpteur, Merchant l’ancêtre, va donc réfléchir à un moyen de contrer les apparitions démoniaques par la création d’une lumière d’un éclat maximal, technologie qui pourra être avancée par un des descendants de la famille dans les années 90, avant d’être mise en application sur une station spatiale des années plus tard.


Malheureusement, si le jouissif est bien là, Kevin Yagher n’est pas Clive Barker. Le film contient un lot assez énorme d’incohérences, certaines étant telles qu’on passerait à côté (la station spatiale est détournée de sa fonction première par Merchant, qui l’avait conçue déjà comme un piège à démon sans le dire à personne. Au fait, quelle est cette fonction première ? Et comment Merchant a-t-il réussit à camoufler son projet qui a du coûter des millions de dollars d’investissement ? Ah, probablement parce qu’il a fait comme son ancêtre, qui faisaient passer des mécanismes démoniaques pour de la décoration murale). Sincèrement, si vous ne supportez pas l’horreur bancale, inutile de s’attarder sur cet épisode. Cependant, un certain charme anime son récit, le spectateur ayant enfin la chance de se retrouver en terrain inconnu avec des personnages assez nouveaux (avec ce bon vieux Pin-head qui rempile) et quelques idées marrantes qui devraient offrir un peu de bonheur aux amateurs de la saga capables de prendre leurs distances avec le premier du nom. La dernière suite honorable dans l'esprit de la saga...

Voracinéphile
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le 6 déc. 2015

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