2021, dans notre monde apocalyptique où chacun porte son masque et veille à se tenir à plus de 2m de ses congénères, le concept de plaisir de la chair devient petit à petit un lointain souvenir pour les célibataires du monde entier.
Ce contexte a rendu mon visionnage de ce film erotico-horrifique particulièrement ironique.
Un homme a la libido débordante, en quête constante de plus de plaisir se lance dans l'occultisme et via la résolution d'un casse-tête ouvre une porte vers la dimension démoniaque des cénobites. Ces êtres poursuivent le même objectif que ce dernier mais leurs moyens pour y parvenir ne vont pas forcément lui plaire puisque le paroxysme du plaisir passerait par la douleur, le conduisant inexorablement vers sa propre fin.
Évidemment, une fois que son frère et sa femme occupe la maison familiale, un évènement déclenchera son retour.
Le concept est absolument génial, malheureusement il souffre énormément de sa mise en image et de la censure. On n'a qu'une envie après avoir vu le film : dévorer le livre dont le réalisateur, Clive Barcker est également l'auteur.
Les cénobites considérés comme des démons provenant d’une autre dimension sont magistralement mis en valeur, à travers Pinhead dont tout le monde connait l’apparence, avant même d'avoir vu ne serait-ce qu'un film de la saga, sans que ce soit au détriment des 3 autres qui ne sont pas en reste.
C'est d'ailleurs une des œuvres ayant grandement inspiré Kentaro Miura dans le design et le background de ses emblématiques antagonistes alias les God Hand dans son manga Berserk, aujourd'hui considéré comme LA référence inégalable de la Dark Fantasy.
Le long-métrage manque d'audace avec ces démons sado-masochistes qui se contentent de 2-3 scènes gentiment gores. Les personnages ne sont pas creusés et se résument chacun à un concept à l’image du papa beauf, de la belle-mère adultère, de la fille qui n’aime pas sa belle-mère et de l’oncle manipulateur. Les acteurs prennent la direction de leur personnage avec plus ou moins de conviction et au final on retient avant tout le charisme de Pinhead malgré des paroles assez creuses qui vont jusqu’à décrédibiliser parfois les cénobites alors qu’ils sont clairement le fer de lance du film. Le tout manque cruellement de subtilité, le bouquet final étant la conclusion sous les effets spéciaux qui manquent de peu d’enterrer le film.
C’est sacrément dommage de voir un tel potentiel en grande partie gachée par une réalisation timorée/censurée. On rêverait d’un remake par Cronenberg qui saurait tirer son épingle du jeu avec ce scénario si singulier. Par contre, si c’est pour nous pondre un énième remake à la con par un mec lambda… on s’en passera.
Finalement, ce film vaut le coup d’œil, mais il vaut mieux ne pas avoir trop d’attente. Il rejoint la longue lignée des films d’horreur qui génèrent des Croque-Mitaines légendaires avec des performances qui sont loin d’être à la hauteur…