Marchant du haut de mon mètre 30 à la recherche de paquets de cartes Magic, dans les rayons d'une grande enseigne vouée à la vente de produits axés sur la culture, je me rappelle m'être arrêté plus d'une fois devant les grandes figurines sculptées et peintes qui trônaient sur le haut des étagères : l'Alien, Jason, Chucky et régulièrement Pinhead. Je me questionnais sur ces personnages, sans réellement m'y intéresser, et ce n'est qu'à l’adolescence que mon intérêt a grandi suffisamment au point de m'y pencher... sauf pour PinHead, et donc Hellraiser, dont le sursis aura été bien plus long.
Et c'est partant avec des a priori positifs que je me suis enfin attardé sur le premier film d'une série considérée comme classique du cinéma d'horreur. Plus on est grand et plus la chute est dure, mais ici peu importe ma taille, l'atterrissage a été douloureux, comme l'impression d'être passé au-dessus de mon vélo après un freinage trop brusque et uniquement de la roue avant. Le genre d'erreur qu'on ne fait qu'une fois, à la différence qu'ici, rien n'aurait pu me prévenir d'un tel gâchis.
Gâchis car l'idée de base me paraît bonne, le cube casse-tête faisant voyager entre les dimensions, les cénobites sadomasochistes aux pouvoirs divers et leurs interactions avec les humains ; tout ceci aurait pu permettre de faire un très bon potage. C'est malheureusement très mal exploité dans le film : ce n'est pas un cheveu qu'on trouve sur la soupe, mais un scalp entier.
Le film s'attarde trop peu sur nos voyageurs interdimensionnels vêtus de latex, au point de remettre leur crédibilité en doute. Pour des adeptes de la torture les cénobites sont calmes et rarement actifs, PinHead en tant que leader n'en imposant pas beaucoup plus que les autres. Mention tout de même pour l'un d'entre eux, « Chatterer » de son nom, sans visage et dont la bouche est tirée par des chaînes vers l'arrière de son crâne, le seul à être un tant soit peu violent dans le film et à avoir un aspect inspirant la peur.
Le reste des personnages sont des humains : Kristy, son père Larry et sa belle-mère Julia, dont l'ex-amant n'est autre que Franck, amas de chair caché dans le grenier, qui s’avère aussi être le frère de Larry et l’ancien propriétaire de la maison dans laquelle le couple emménage.
L'histoire gravite autour des pièges tendus par Julia, qui séduit des hommes afin que Frank puisse les manger - et ainsi se régénérer et recouvrir une apparence humaine. Les cénobites, de leur côté, rechercheront mollement ce dernier après que Kristy leur ai révélé son évasion, négociant au passage cette information afin de ne pas finir entre leurs mains.
Aucun des personnages n'est vraiment attachant ou bien construit, et seul Franck a un réel intérêt dans son rôle de « méchant », les cénobites étant bien trop peu présents pour affirmer ce rôle. Il fera néanmoins les frais de leur avoir échappé après une poursuite d'une lourde lenteur : même quand il s’agit de passer d'une pièce à l'autre, nos amoureux de la douleur ne se pressent pas.
Et c'est après un affrontement final où le cube a servi aussi bien à combattre les cénobites - évincés facilement et de manière ridicule - qu'à supprimer l'étrange monstre qui est apparu, que les dernières minutes nous signalent que rien n'est fini tant qu'il y aura le cube, et que des suites sont d’ores et déjà prévues.
Rappelons que le film se base sur le Roman The Hellbound Heart, publié par le réalisateur un an plus tôt. Aussi, peut-être l'idée générale est-elle mieux exploitée dans ce dernier et les cénobites et leur monde de plaisir et de souffrance charnelle ne sont peut-être pas qu'un prétexte pour tenter d'en faire des créatures terrifiantes comme c'est le cas dans le film.
L'ambiance sombre qu'on trouve, trop peu, durant certaines scènes de l’œuvre ainsi que ma curiosité envers l'univers entier d'Hellraiser me feront tout de même voir les volets suivants de la saga, mais avec bien moins d’entrain que je n'ai pu en avoir pour celui-ci.