Dans un cinéma, un projectionniste prépare laborieusement la bobine du film auquel nous allons assister. Seulement, il remarque être acteur, puisque nous sommes en train de le voir sur notre écran.
En 40 secondes, le 4e mur est déjà brisé.
Le spectacle commence, les comédiens chantent ce qui promet d’être le début d’une jolie comédie musicale. Soudain, le sol se dérobe sous leurs pieds, une explosion retentit, et ils sont projetés innocemment dans les flammes de l’enfer.
En 1 minute, le chaos a déjà commencé.
A partir de là, plus rien n’est prévisible.
Il faut s’attendre à tout, mais surtout au pire.
Et c’est ce qui est absolument génial ici.
"Toute ressemblance entre Hellzapoppin et un film n’est que pure coïncidence."
Les gags visuels fusent, les quiproquos s’enchaînent sans cesse, le comique de répétition est omniprésent, les jeux de mots s’accumulent et chaque dialogue est pensé pour au minimum faire sourire.
Tout ceci dure pendant 1h20, mais le rythme nous fait tenir le coup avec brio.
Nul besoin de raconter une histoire, c’est littéralement dit, c’est ça, Hellzapoppin.
Il y a des films où chaque détail est là pour faire avancer le scénario ou en expliquer une partie. Ici, chaque détail est là dans le but d’amuser.
On ne se refuse alors pas le moindre écart, tant que c’est pour faire rire, autant y aller à fond. L’inventivité qui se déploie tout au long des 80 minutes est exceptionnelle : Film dans le film (dans le film) avec interactions, passages musicaux qui sortent littéralement de nulle part, références cinématographiques, incrustations, utilisation de stop motion, pauses, ralentis, accélérés, pulvérisation du 4e mur, expérimentations de l’image… C’est juste fou.
Beaucoup de gags pris seuls pourraient paraître ridicules, immature, lourds. Mais justement c’est la quantité de ces gags qui permettent de maintenir la qualité. Hellzapoppin n’est pas un film avec plein de blagues : Hellzapoppin EST une grosse blague.
Si le ridicule tue, alors Hellzapoppin est un énorme suicide artistique.
Quand je le regarde, j’ai l’impression de vivre une sensationnelle révolution comique. Comme s’il avait créé tout ce qu’il montrait, comme s’il était littéralement en train de nous révéler ce que peut être une comédie, ce qu’elle peut oser.
C’est un film ni fait, ni à refaire.
C’est unique, c’est grand, c’est explosif.
Au milieu de toutes les comédies les plus absurdes, les plus burlesques, Hellzapoppin est certainement vainqueur par chaos.